Les premières semaines passées à l’université n’avaient pas été de tout repos. Entre les devoirs à préparer, les recherches sur son démon et toutes les aventures incongrues qu’elle avait vécu plus ou moins malgré elle, Marissa sentait un réel besoin de décompresser.

Elle en discuta avec Isaïyah, une étudiante de sa classe avec qui elle s’entendait très bien. Elle l’avait rencontrée en tout début d’année en s’installant dans un amphithéâtre, attirée par l’agréable odeur de fleurs qu’elle diffusait dans l’air. Le courant était bien passé entre les deux jeunes femmes et elles étaient rapidement devenues amies. Elles partageaient un attrait pour la musique, l’une jouant de la harpe, l’autre du piano. C’est de là que leur vint l’idée de rejoindre un club de musique pour se changer les idées.

Un matin où elles n’avaient pas cours, elles décidèrent de se rendre au service approprié pour s’y inscrire. Il y avait quelque part dans la fac un panneau sur lequel tous les clubs existants étaient répertoriés, et sans doute y aurait-il un club de musique ? Dans une université aussi ancienne, l’inverse étonnerait Marissa.

Elles se mirent donc à la recherche du fameux panneau, l’aveugle laissant son amie la guider à travers les couloirs. À cause de son pouvoir, Isaïyah ne pouvait pas la tenir par la main et elle essayait de marcher près d’elle en se repérant avec le son de ses pas. Quand la jeune femme lui avait expliqué les propriétés de son pouvoir, Marissa s’était demandé si sa nature de demi-démone suffirait à en annuler les effets. Elle avait révélé à son amie l'origine de ses propres pouvoirs et l’avait convaincue d’essayer de la toucher, juste pour vérifier. Elle s’était alors retrouvée à devoir gérer une crise de tachycardie pendant que son démon frétillait inconfortablement dans son crâne, comme s’il hésitait à en surgir. Depuis cet incident, elles s’assuraient de pas entrer en contact physique.

Une fois arrivées à destination, Marissa laissa à Isaïyah le temps de consulter les différents affichages avant de lui demander :

« Alors, tu as repéré le club de musique ? »

Quelques semaines qu'Isaïyah était arrivée et contre toute attente, tout se passe bien pour elle. Enfin, elle n'a pas vraiment l'impression d'avoir évolué dans sa recherche concernant son pouvoir, et puis elle n'a aucune idée de commencer se montrer utile, mais au moins, elle se sentait moins seule.

Couverte à 100%, ne laissant même pas une parcelle de sa peau apparaître, par peur qu'un accident arrive, on ne sait jamais. Se considérant comme une catastrophe ambulante, même couverte elle n'oserait pas toucher quelqu'un.  

Elle avait fait la connaissance de Marissa, au physique spécial voir "effrayant" pour certain. Pour Isaïyah, ça n'avait rien d'effrayant, ayant grandis avec des frères et sœurs de toute races. Surtout que derrière cette apparence, se cachais quelqu'un d'adorable et attachant, Isaïyah ne s'attendais pas a trouver quelqu'un qu'elle pourrait se permettre d'appeler "amie" et encore moins aussi rapidement. Elles se sont découvert une passion en commun, la musique, Isaïyah amoureuse de la harpe et Marissa l'habile du piano tout deux ont décider de partir à la recherche d'un club de musique.

Logiquement, une aussi grande école devrait avoir un club de musique. Pas vrai ? Elle a entendu parler d'un club de cosplay, d'équitation et même un club de combat de lapin, quoi qu'elle ne soit pas sûre que tout soit vrai mais elle était sûre de trouver le club de ses rêves.

Devant le panneau d'affichage, pointant le doigt sur le tableau sans pour autant rentrer en contact avec, elle recherchais des informations pour ce club de musique, n'importe quoi qui pourrait la guider. Elle avait beau faire le tour du panneau, elle ne trouvait rien, pas de club de musique rien. Elle ne pouvait pas y croire, une aussi vielle école ? Sans club de musique ? Elle ne peut pas s'empêcher de lâcher un soupir et de et de froncer les sourcils de frustration.

« Alors, tu as repéré le club de musique ? »

La voix de Marissa retentissante lui permet de sortir de sa boucle, elle devait se faire à l'idée, il y a pas de club de musique.

"Non" Elle souffle, dégoutée "Il n'y a pas l'air d'avoir de club de musique" conclut-elle.

Toujours le regard sur le tableau, elle n'avait aucune idée de quoi faire. Elle pensait que c'était le type d'université ou elle et sa harpe auraient eu une chaude place, mais elle s'était trompée apparemment.

"Tant pis..." Elle dit déçue, posant le regard sur Marissa, elle continue "On pourra toujours jouer. ensemble..  juste pas dans un club quoi... "

Un peu dégoutée, elle pensait surtout à la galère que ça serait d'emmener sa harpe et un piano dans un bon endroit, bien insonorisé et surtout avec assez d'espace, pessimistes qu'elles pourraient jouer ensemble un jour elle commença à faire demi-tour.

« Quoi ? Mais c’est pas possible ! Tu es sûre d’avoir bien tout regardé ? »

Tout comme son amie, Marissa avait du mal à cacher sa déception. Comment un établissement comme la FEAH pouvait-elle se passer d’un club de musique ? Jouer d’un instrument ou savoir chanter étaient pourtant des compétences répandues au sein de la population. À bien y réfléchir, c’était étrange qu’aucun étudiant n’ait jamais songé à créer un club dédié à cette passion. Peut-être qu’un tel projet avait déjà existé mais, heurté à des imprévus ou à un manque de motivation des membres, n’avait jamais réussi à aboutir ?

La jeune femme se désolait tout en suivant sa camarade qui commençait à rebrousser chemin. Depuis qu’elle avait perdu la vue, la musique avait pris une place importante dans sa vie. Elle avait été contrainte d’abandonner tous ses anciens hobbies du jour au lendemain, et ses parents l’avaient encouragée à en découvrir d’autres. Le piano était devenu l’une de ses activités favorites et elle aurait tant espéré pouvoir poursuivre cette activité au sein de l’université.

« C’est vrai, nous pourrions jouer ensemble, même si j’aurais apprécié rejouer sur un vrai piano. »

Faute de pouvoir emporter un instrument aussi imposant, Marissa avait récupéré un petit clavier pour pouvoir s’entraîner dans sa chambre universitaire. C’était une solution d’appoint, le son de celui-ci étant loin d’être très mélodieux.

« C’est bête ! Tu imagines si on avait pu rejoindre un tel club ? On aurait pu jouer dans un orchestre et rencontrer plein de gens. Quelle déception ! »

Profondément déçue, elle commença à réfléchir à un endroit où elles pourraient jouer de la musique et réalisa bien assez vite la difficulté de la tâche. Il n’y avait pas un seul bâtiment qui ne contenait pas une salle de classe, un amphithéâtre, ou tout autre lieu d’étude dans lequel des étudiants pouvaient se trouver à travailler jusqu’à pas d’heure. À moins d’aller jouer au beau milieu des bois, Marissa avait du mal à imaginer comment elles pourraient jouer sans déranger quiconque.

« Maintenant que j’y pense, je n’ai pas l’impression que le campus possède un bâtiment spécialement conçu pour faire de la musique. On ne trouvera jamais de salle assez insonorisée. Quoique… »

Quelques jours auparavant, alors qu’elle était arrivée en avance à l’un de ses cours, elle avait entendu un groupe d’étudiants colporter bruyamment des rumeurs à propos de lieux soi-disant maudits au sein de l’université. L’un d’eux avait d’abord parlé d’une mystérieuse marche d’escalier magique dans les dortoirs. Un autre avait dit entendre des fantômes déambuler la nuit dans certains couloirs. Puis était venue l’histoire d’une aile abandonnée dans les sous-sols de la FEAH, quelque part sous le département des sciences.

La légende racontait qu’il s’agissait d’un ensemble de caves utilisées comme débarras, toutes rattachées à un long corridor. Des étudiants les ayant explorés y auraient entendu et aperçu des choses étranges avant de disparaître sans laisser de trace. En entendant cela, Marissa s’était retenue de pouffer de rire. Le gars avait complètement foiré son histoire. Soit les étudiants étaient revenus et avaient pu rapporter leurs témoignages, soit ils avaient disparu, il fallait choisir.

Le conteur avait ensuite proposé à ses camarades d’aller visiter lesdites caves le soir-même, ce qui avait d’autant plus amusé la jeune femme. Manifestement, cette histoire n’avait été qu’un prétexte pour organiser une soirée horrifique dans un lieu inquiétant.

« J’ai peut-être une piste, annonça-t-elle à Isaïyah avec une pointe d’excitation dans la voix. Je sais qu’il existe des caves abandonnées dans le dernier sous-sol du département de sciences. C’étaient des débarras à une époque mais aujourd’hui plus personne ne les utilise. Personne ne nous entendrait jouer dans un tel endroit, on serait tranquilles. Ça te dit d’aller jeter un coup d’œil ? »

« C’est vrai, nous pourrions jouer ensemble, même si j’aurais apprécié rejouer sur un vrai piano. »

Les mains dans les poches, pensive à s'imaginer quel merveilleux son elle aurait pu faire avec sa harpe accompagner d'un piano et surtout déçue de ne pas avoir pu obtenir ce qu'elle cherchais, Isaïyah traine des pieds en rebroussant chemin.

« C’est bête ! Tu imagines si on avait pu rejoindre un tel club ? On aurait pu jouer dans un orchestre et rencontrer plein de gens. Quelle déception ! »

Une pointe d'anxiété traverse Isaïyah, ça faisait longtemps qu'elle n'avait pas joué de la harpe, et encore moins devant des gens. Elle savait que ça allait être compliqué pour elle d'exposer une partie d'elle devant tout un public, mais elle devait s'y préparer. Après tout, il était temps de sortir de cette bulle et de montrer aux gens de quoi elle était capable. De toute façon, si elle rencontrait des gens faisant partie du même club, ils auraient eu la même passion et peut-être que ça serait plus facile de s'en faire des amis ? (Quel anxieuse cette Isaïyah)

"Oui, c'est vraiment dommage..." Dit-elle défaitiste "....ça me manque vraiment de jouer de la harpe." Elle rajoute doucement en soufflant.

Cet instrument qui l'avait tellement aidée à sortir de sa coquille, elle lui doit beaucoup et elle aurait espéré pouvoir lui rendre la pareille. Trainant des pieds, et jouant avec ses clés se trouvant dans sa poche, pensant a ses parents qui l'avaient tellement encouragé a jouer de la harpe, elle se demandait si ça allait s'arrêter comme ça, d'un coup, ou peut-être qu'elle passerait à autre chose, et trouverais un autre passe temps. Malgré cette réflexion, elle savait qu'il était impossible pour elle d'oublier la harpe.

« Maintenant que j’y pense, je n’ai pas l’impression que le campus possède un bâtiment spécialement conçu pour faire de la musique. On ne trouvera jamais de salle assez insonorisée. Quoique… »

La retirant de ses pensées déprimantes, elle commença à réfléchir à la situation actuelle, c'est vrai ça, si elle devait se poser quelque part pour jouer d'un instrument, ou est-ce qu'elle pourrait le faire. Toutes les salles dont elle avait la connaissance étaient occupées, et si ce n'était pas occupé par des professeurs, ou des étudiants, elle y trouverait des choses plus sombres et bizarres. En-tout-cas, c'est ce qu'elle avait entendu.


Elle avait eu la chance de ne jamais avoir à croiser quoi que ce soit de dangereux, malgré son courage, elle n'aurait eu aucune idée de comment réagir si ça venait à arriver. Est-ce qu'elle devrait toucher la chose dangereuse afin de se sortir de pétrin ? Et si ça ne fonctionnait pas ? Qu'elle serait la dernière solution ? De fuir ? Et puis imaginons que ça se retourne contre elle, et qu'elle se retrouve affecter par son propre poison, ça serait catastrophique…


Isaïyah se secoue doucement la tête, essayant de retirer toutes les pensées négative "Quoique ?" Elle interroge Marissa.

Elle avait l'impression que dans cette université elle pouvait s'attendre a tout et à n'importe quoi.

« J’ai peut-être une piste » La pointe d'excitation dans la voix de Marissa fit s'arrêter Isaïyah qui se tourna vers elle « Je sais qu’il existe des caves abandonnées dans le dernier sous-sol du département de sciences. C’étaient des débarras à une époque, mais aujourd’hui plus personne ne les utilise. Personne ne nous entendrait jouer dans un tel endroit, on serait tranquilles. Ça te dit d’aller jeter un coup d’œil ? »

Isaïyah leva les yeux pensive, le département des sciences, elle n'y avait jamais vraiment posé les pieds, c'était peut-être le moment. Au lieu d'écouter toutes les rumeurs dites dans le campus par rapport à ce département, il serait peut-être temps de voir d'elle-même.

"Pourquoi pas, on peut tenter !" Elle dit partageant l'excitation de Marissa. Isaïyah est prête à tout pour pouvoir rejouer de la harpe, elle n'était pas sûre à 100% de l'information de Marissa, mais l'espoir de pouvoir rejouer suffit à la motiver à suivre son idée.

"Des caves abandonnées dans le sous-sol du département de sciences ? Tu es sûre qu'il n'y avait rien de bizarre dans cette salle ?" Dit-elle en rigolant doucement.

Le département de sciences est tellement considéré comme flippant, que les rumeurs ne s'arrêtent jamais, entre lapin tueurs, savants fou, et sac à main qui mangent des gens, elle avait entendu pas mal de choses, dont la moitié elle y croyait à peine. Prenant le chemin de ce fameux département, elle continue.

"Si cette pièce existe vraiment, ça va être compliqué de nettoyer tout ça et de tout emménager..." Elle dit réaliste sur la situation, la mentalité pessimiste d'Isaïyah est toujours présente, mais étonnamment, c'est une manière de dire qu'elle se projette dans cette salle lugubre avec sa harpe.

Toujours en route pour le département des sciences suivie de Marissa elle rajoute, peu sûre du chemin qu'elle doit emprunter :

"Tu sais à peu près quelle direction je dois prendre ?" Elle l'interroge.

Isaïyah accepta sa proposition avec enthousiasme mais s’inquiétait de ce qu’elles pourraient trouver dans les sous-sols abandonnés. Compte tenu du nombre astronomique de rumeurs qui entouraient le département des sciences, Marissa comprenait son appréhension. Il ne lui paraissait pas impossible de tomber sur quelques surprises lors de la visite des lieux, entre les machines obsolètes et les meubles abîmés qui y seraient certainement entreposés.

« Eh bien, si certaines de ces caves servaient à stocker les vieilles affaires des laboratoires, j’imagine qu’on peut s’attendre à quelques bizarreries, avoua-t-elle à son amie. Tu as raison, ce ne sera probablement pas facile de nettoyer l’une de ces pièces. Mais, qui sait, peut-être que nous aurons de la chance et que nous en trouverons une pas trop encombrée ? »

Son amie lui demanda quelle direction il fallait prendre pour accéder aux caves. Marissa admit ne pas avoir plus d’informations concernant ces dernières et suggéra de se rendre à l’intérieur du bâtiment pour demander le chemin. Elles entrèrent donc dans l’édifice et interpellèrent un groupe d’étudiants qui flânait dans l’entrée pour demander s’ils avaient entendu parler de la fameuse aile abandonnée dans les sous-sols.

Effectivement, le groupe la connaissait. Très bien, même, car cet endroit était devenu une petite attraction au sein du campus. De nombreux étudiants se rendaient à cet endroit, attirés par diverses rumeurs de disparitions ou d’apparitions inquiétantes. Tous découvraient alors la triste vérité : les caves n’étaient rien d’autre que de vieux placards où l’on avait entassé du matériel vétuste, couvert de poussière et de toiles d’araignées. La plupart repartaient alors bredouilles, mais certains s’extasiaient de leurs trouvailles. Apparemment, certains objets insolites entreposés là-bas valaient le coup d’œil.

Marissa se sentit rassurée d’apprendre que l’endroit existait vraiment et que les rumeurs n’étaient bel et bien que des fabulations. Elle remercia les étudiants après que ceux-ci leur eurent finalement indiqué le chemin jusqu’au sous-sol. Pour s'y rendre, il suffisait de descendre tout en bas de l’escalier principal du bâtiment et de franchir l’unique porte qui donnait sur l’entrée des caves.

Les deux amies suivirent les instructions qui venaient de leur être données, s'engageant dans la cage d’escalier qui devenait de plus en plus sombre à mesure qu'elles descendaient. Bientôt, elles atteignirent la grande porte grisâtre qui donnait sur l’aile abandonnée. Celle-ci possédait une fenêtre verticale en son centre, permettant à Isaïyah d’apercevoir l’obscurité inquiétante qui régnait de l’autre côté. Lorsqu’elles poussèrent la porte, des lumières automatiques s’activèrent bruyamment les unes après les autres. Plusieurs ampoules avaient grillé et l’un des luminaires clignotait aléatoirement, ce qui rendait l’endroit encore plus lugubre qu'il ne l'était déjà. La luminosité restait tout de même suffisante pour pouvoir se déplacer dans le couloir. Ce dernier comportait cinq portes, deux de chaque côté et une dernière en face.

« On est au bon endroit ? »

La jeune femme claqua des doigts tout en avançant, cherchant désormais à progresser par elle-même plutôt que de suivre son amie. La structure du couloir était simple et il n’y avait pas d’obstacle, elle pouvait s’y mouvoir aisément. Elle s’arrêta devant la première porte qu’elle parvint à repérer et entreprit de l’ouvrir, impatiente de savoir ce qu’elles allaient trouver derrière.

Lorsqu’elle poussa la porte, une odeur âcre peu agréable l’accueillit. Heureusement, la douce senteur florale d’Isaïyah vint rapidement contrer cet air nauséabond pour le rendre à peu près respirable. Elle pénétra dans l’obscurité de la pièce tout en claquant des doigts et s’arrêta net lorsque du verre brisé craqua sous sa chaussure.

« Fais attention en entrant, il y a du verre partout. »

Marissa ne pouvait pas le voir, mais la pièce regorgeait de meubles et de paperasse entassés les uns sur les autres. À sa gauche se trouvait une étagère pleine de bocaux contenant des spécimens de squamates conservés dans du formol. Certains d’entre eux avaient atterri par terre, ce qui expliquait les bris de verre qui jonchaient le sol. Au beau milieu de la salle, un grand poster à moitié déroulé présentait quatre espèces de serpents portant une sorte de gros caillou sur le front. On pouvait y lire les informations suivantes :

Aspic – Déshydratation
Prialis – Létargie
Haemorrhoïs – Hémorragie
Praester – Tuméfaction

Au fond à droite de la pièce se trouvait une immense malle noire cadenassée. Elle était à moitié recouverte d’une vieille tapisserie médiévale représentant un chevalier en armure. Il combattait une créature serpentine qui semblait essayer de se boucher les oreilles en plaquant sa tête contre le sol et en utilisant sa queue. Le reste de la pièce contenait divers objets en rapport avec l’étude des reptiles qui n’attiraient pas vraiment l’œil, perdus au beau milieu de tout ce fatras.

« Alors, Ivy, qu’est-ce que tu vois ? J'espère que la lumière fonctionne. »

Ayant suivi la piste des étudiants qu'elles avaient croisés. Elles se retrouvent devant une porte énorme. Bien que ça a un certain style, ça a également un côté inquiétant, elle a l'impression de se retrouver devant la porte d'un boss de jeu vidéo.

La porte enfin ouverte, on peut dire que l'ambiance donnait pas tellement envie. Elle se demandait si au bout du couloir, ils se retrouveraient dans un autre monde, mais pas celui des bisounours... Face à plusieurs portes, elle prend son courage à deux mains, et essayer d'ouvrir l'une des portes, sauf que celle-ci est bloquée. Mauvaise pioche. Elle souffle.

« On est au bon endroit ? »

Elle soupire et répond "Je crois que oui, mais je ne sais pas quel port...." Elle s'interrompt alors que son amie ouvre l'une des portes. "He, ben, à chaque problème, tu nous trouves une solution toi !" Elle rigole doucement. Elle avance suivant cette fois-ci son amie. L'odeur et la poussière la stoppèrent dans son rire, elle toussa un peu tout en agitant la main devant son visage pour se donner de l'air, ça n'a pas l'air efficace.

« Fais attention en entrant, il y a du verre partout. »

Elle hoche la tête prêtant attention à là où elle met les pieds "Je n'avais même pas remarqué..." Elle murmure presque à elle-même. "Attends, je cherche l'interrupteur." Elle passe sa main sur les murs cherchant ce qui pourra apporter de la lueur dans cette pièce. Enfin l'interrupteur trouvé, elle appuie dessus, ça s'allume, mais elle se retrouve avec une lumière tamisée.

Malgré ça, elle arrive à inspecter la salle, des papiers, des meubles énormes, du verre par terre, elle se dit qu'elle avait raison, ça allait être un bordel de nettoyer tout ça. Au milieu de tout ça, une affiche qu'elle déroule, par pure curiosité. Aspic ? Prialis ? Heamorrhoïs et Preaster ? Elle passe à peine le regard sur l'affiche qu'elle le met de côté visualisant où elle pourra mettre sa harpe après avoir nettoyé tout ça.

« Alors, Ivy, qu’est-ce que tu vois ? J'espère que la lumière fonctionne. »

Elle regarde l'ampoule et dit "La lumière fonctionne à peine, mais on va faire avec, il n'y a pas grand chose d'intéressant, de la poussière, des débris de verre, une sacrée ambiance. Des meubles, ça va nous prendre pas mal d'aller-retour pour dégager tout ça. Il y a des sortes de serpents dans des bocaux aussi, en tout cas, si le thème pour notre future salle de musique, c'est serpent, on est gâtée…" Elle attrape l'affiche qu'elle avait auparavant décider de mettre de côté et l'ouvre et continue "Il y a même une affiche avec des serpents avec un caillou sur le crâne." Elle rajoute un peu confuse.

Elle continue en passant le regard dans la salle "Tu veux qu’on s’y mette maintenant ? Parce que si on commence à tout déplacer et nettoyer, il va nous falloir une tonne de sac pour jeter tout ça…".
Elle fait mine de réfléchir et rajoute "Il nous faut un balai, des bougies pour l’odeur, une autre ampoule et le reste, on verra. Tu m'accompagnes chercher tout ça ?".

Marissa eut un frisson au moment où son amie lui apprit la présence de serpents dans des bocaux. En considérant tous les détails qu’elle venait d’énumérer, la pièce qu’elles venaient de découvrir semblait bien inhospitalière. Il y avait des reptiles, certes, mais aussi des morceaux de verre qui jonchaient le sol, une forte odeur de formol qui les prenaient à la gorge et un bazar ambiant qui rendrait l’aménagement de la salle compliqué. Malgré tout, Isaïyah commença à dresser la liste des outils dont ils auraient besoin pour remettre les lieux en état. Si son amie pouvait se projeter dans cette pièce, peut-être n’était-elle pas si mal tout compte fait ?

« Bien sûr que je t’accompagne. Mais avant, essayons tout de même de visiter les autres caves ? Elles ne sont peut-être pas toutes fermées à clé et ce serait quand même dommage de passer à côté d’une salle plus facile à nettoyer. »

Avant de remonter chercher tout le matériel nécessaire, les deux jeunes femmes poursuivirent leur exploration du couloir. Hélas, parmi les trois portes qui restaient, seules deux n’étaient pas verrouillées et les caves vers lesquelles elles menaient ne valaient pas mieux que la salle aux serpents visitée précédemment. La première cave était remplie à ras bord de vieilles tables et de chaises à tel point qu’il n’était même pas possible d’y pénétrer. Quant à la seconde, elle empestait l’humidité et voyait ses murs et le contenu qui l’encombrait être attaqués par une moisissure tenace provenant probablement d’une canalisation défaillante située quelque part derrière l’une des parois.

« Bon, je n’ai rien dit. La pièce aux serpents reste notre meilleure option pour notre salle de musique. Mais peut-être pourrait-on utiliser les autres caves pour mieux l’aménager ? On pourrait ranger le matériel inutile dans la moins pleine. Ça nous évitera pas mal d’aller-retours à travers les escaliers juste pour faire de la place. »

Pour l’heure, il fallait se débarrasser des bris de verre et serpiller tout le formol incrusté dans le sol. Marissa accompagna donc son amie pour rapporter tout l’équipement nécessaire au grand nettoyage qu’elles s’apprêtaient à mener.

À leur retour, elles s’empressèrent de changer l’ampoule de la lampe avant de commencer à balayer les bouts de verre. L’aveugle fit son possible pour se rendre utile, essayant de faire des tas en se repérant avec le bruit. Quand le sol fut enfin débarrassé de tout morceau coupant, Marissa tâcha de ramasser les petits objets qu’elle trouvait, ça et là, en tâtonnant sur le sol afin de les mettre dans un grand sac. Le plus souvent, elle attrapait des feuilles de papier et elle se demandait si elles avaient un rapport avec les reptiles.

« Cette pièce est quand même curieuse. On dirait qu’un projet de recherche assez ambitieux autour des serpents a été relocalisé ici. »

Elle se demandait pourquoi tout ce vieux matériel avait été conservé. Après tout, les chercheurs qui menaient ce projet avaient dû quitter l’université depuis longtemps et leur travail aurait dû être archivé.

« J’imagine qu’ils étudiaient le venin de chaque espèce, pour des médicaments ou des armes. Ça semble logique. Eh ! Si ça se trouve, un groupe de recherche travaille en ce moment-même sur un projet similaire autour des poisons. On pourrait aller se renseigner une prochaine fois, ils sauront peut-être t’aider à maîtriser ton pouvoir. »