L'agacement de Philippe diminua quelque peu en voyant dans quel état était Morphée lorsqu'il reprit sa vraie apparence. Il devait vraiment être vidé pour se présenter en aussi piteux état devant eux, lui qui était si orgueilleux pour tout ce qui touchait son apparence. Il n'avait même plus envie de le chambrer sur ce qui venait de se passer. Le brun leva la main lorsque son ami commença à s'excuser auprès de lui, pour lui signifier que ce n'était rien.

Y a pas d'mal.

Plus de peur que de mal en somme. L'important est que Morphée aille bien, enfin, si on oubliait l'orteil explosé. Le docteur n'y allait pas avec le dos de la cuillère par contre, mais comme il avait l'air décidé à tout de même prendre soin de leur collègue et à ne pas le balancer à l'assistante, sa présence n'était plus nécessaire.
Philippe hésita à rester cependant. Il n'était plus un héros, il n'était plus qu'un concierge, mais n'empêche, savoir que des gens ici s'amusaient peut-être à faire des expériences sur les gamins du campus, ça lui faisait bouillir le sang. Il était vexé tout de même que Morphée ne lui en ai pas parlé, il aurait pu l'aider. L'avantage d'être un concierge, c'est qu'on pouvait fureter partout ou presque sans que personne ne s'en inquiète. Mais finalement, comme ça risquait de prendre du temps, il décida de s'en aller. Il avait du travail à finir, et autant éviter de prendre du retard, comme il y avait toujours milles choses à faire sur ce campus qui tombait en ruine. Il demanderait à Morphée de tout lui expliquer lorsqu'il irait mieux. Philippe quitta le mur sur lequel il prenait appui.

J'y vais, j'étais en plein sur une réparation. Appelle-moi quand tu veux partir, j'te raccompagne chez toi, t'es pas en état de rentrer tout seul.

Ce n'était pas une proposition. Il posa brièvement la main sur l'épaule de Morphée, la serrant pour lui souhaiter bon courage, avant de se tourner vers Roman pour lui adresser un signe de tête.

Salut doc'. Désolé pour le bazar.

Et il s'en alla avant que celui-ci ne cherche à le retenir. Encore un jour à ne pas ne pas s'ennuyer à la F.E.A.H.

« Merci, doc. », dit Morphée, conscient qu'il avait sans doute de la chance que Roman ne lui l'ait pas déjà assommé comme l'étudiant à côté. « On fait ça, je me tire rapidement après et je vous fous la paix, promis. »

Il remerciait intérieurement Philippe, son sauveur providentiel. Passer une nuit à l'infirmerie aurait été terrible, il n'y était pas près. Il regarda son ami partir avec un léger regret dans les yeux – bon, il le rappellerait un peu plus tard, cette fois-ci pour être véhiculé et non pour jouer au clown.

« A plus. », se contenta-t-il de dire, peu fier de la représentation qu'il venait de donner.

Philippe était maintenant parti et il se retrouvait avec ce médecin, lae même qui laissait assommer des étudiants sous ses ordres, la raison (en partie) de son mensonge. Morphée soupira, les joues pâles et les cheveux en partie trempés. Il aurait voulu ne pas impliquer Orphée mais il en avait sans doute bien trop dit : Roman ne le lâcherait pas, à présent et puis il avait sans doute mérité une explication.

(au moins pour dédommager le prix d'avoir dû endurer une telle vision, à l'instant.)

Le blond ne se permettrait jamais de demander (quémander aurait été plus exact) quelques gâteaux, il espérait donc que Roman y penserait bien. En attendant, il tenta d'expliquer la raison qui l'avait conduit dans le département des sciences cette nuit.

« J'ai un étudiant très étrange, il est en troisième année. Ce dernier a toutes les caractéristiques d'un mort. Et il semblerait qu'il se rende régulièrement là-bas pour faire je ne sais quoi. Je voulais en savoir plus, beaucoup de choses sont possibles dans notre monde, ressusciter un mort...ça tient plus du savant fou que des faës. »

Morphée était parfaitement sérieux mais ne révéla pas pour autant le nom du concerné. Il aurait voulu l'avoir sous la main pour savoir s'il le désirait ou non avant, avant d'impliquer plus de monde. Après tout, Orphée semblait à présent avoir des projets d'avenir, des ambitions qui le détachaient du département des sciences.

Il eut une pensée pour Philippe car, à vrai dire, il n'avait jamais pensé à lui proposer l'investigation en duo. C'était maintenant qu'il en parlait à Roman que l'évidence se faisait. Qu'il était idiot.

« J'espère que Philippe n'est pas trop déçu. Je lui en parlerais plus tard. Je suis un peu rouillé, tu sais. »

-Je ne le laisserai pas partir seul. Et le bazar c'est un peu le quotidien à la FEAH.

Pas dans un état comme ça, Roman approuvait l'avis du concierge sur la question. Maintenant que l'échange s'annonçait beaucoup plus franc et sincère que ce qu'il avait été jusqu'ici, le docteur s'était radouci.

Roman sortit de ses tiroirs une brique de jus de fruit, pommes de Bretagne iel avait eu des réclamations appuyées d'étudiant.es là dessus. En conséquence, ses réserves de remonteurs glycémiques étaient composés de jus multifruits sans exigences particulières, et de jus de pomme exclusivement breton. En plus de la brique iel tira un paquet de gâteaux au beurre et aux amandes, vraie bombe calorique et de sucre. Iel trouvait que ça ne valait pas du boondi laddu, mais c'était pas mauvais pour autant. En plaçant la brique et le paquet devant Morphée, il l'écoutait attentivement.

Et du résumé sommaire, et très alarmant, que le jeune homme lui faisait de la situation. Bordel de merde…

-Finalement peut-être que l'assistante sociale ne sera pas de trop…

On passait d'un cas de gosse dans une situation cauchemardesque à l'autre aujourd'hui. Peut-être était-ce parce qu'Halloween approchait, ou alors une histoire de Mercure en rétrograde.

-Et donc c'est pour ça que vous fouillez dans le département des Sciences et que vous ne tenez pas à vous faire remarquer. Très bien, je vais vous aider. Je peux beaucoup plus facilement fouiller partout là-bas sans attirer de soupçons.

Et puis… Iel avait son petit bonus secret. Même s'iel ne l'avait pas utilisé depuis la mort de Judith, il espérait qu'iel n'aurait pas besoin d'aller jusque là.

-Je crois qu'il était surtout inquiet, ce n'est jamais rassurant d'avoir à venir récupérer quelqu'un en urgence chez le médecin.

Il accompagna ses mots d'un petit sourire qu'iel voulait rassurant.

-Rouillé par rapport à quoi ?

Oui, iel avait peut-être au fond un peu une âme de commère.

Le jus multifruits et celui aux pommes, cela semblait être une bonne idée. Une très bonne, même.

Morphée soupira de soulagement alors qu'il voyait Roman les lui ramener – c'était un ange, vu tout ce que Morphée avait pu lui infliger un peu plus tôt.

Le blond, désormais sous sa véritable forme, porta les jus de fruits à ses lèvres. Le multifruit lui causa une grimace de dégoût assez violente, il le reposa immédiatement – il n'avait aucun souvenir qu'il n'aimait pas ce genre de chose, c'était vrai, il n'en achetait jamais, il y avait peut-être une raison, à la base. Le jus de pommes, en revanche, était succulent et Morphée le sirota avec un petit air satisfait.

« Si tu veux. Mais reste discret, ce sera prudent, on ne sait jamais qui traîne dans la zone. T'as beau être médecin, ils sont pas futés. »

Morphée avait déjà commencé à s'attaquer aux petits gâteaux croquants et déjà, il se sentait mieux – c'était affreux, il se sentait comme s'il n'avait rien manger pendant des jours et des jours, voire même des semaines. Il se promit qu'une fois revenu chez lui, il se commanderait en livraison quelque burger impressionnant au moins en double menu. (Peut-être Philippe accepterait-il d'être son invité, même s'il s'endormirait sûrement une fois la nourriture consommée)

« Je. », il tenait toujours la moitié du gâteau entre ses deux mains quand il prit soudainement conscience d'en avoir trop dit. C'était affreux de laisser sa bouche parler sans que le cerveau n'analyse réellement le degré de pertinence des paroles prononcées. Surtout celles qui pourraient le mettre en danger s'il en dévoiler trop.

« Ben à quand j'étais gamin, avec un pouvoir comme ça, t'imagine bien que j'en faisais des conneries. », improvisa-t-il, n'étant plus à son premier mensonge depuis le début de la soirée. Après tout, un de plus, un de moins, ce n'était pas vraiment ça qui allait changer l'estime qu'avait pour lui Roman. Et puis cela ne le regardait absolument pas, surtout, qu'il ait passé une partie de sa vie déguisé pour sauver autrui.

« T'as un pouvoir, toi ? T'as pas l'air d'être un'e docteur magique, donc ? Quelque chose qui n'a rien à voir ? Ah, je te rends le multifruits, il est assez immonde, merci pour le reste. »

Roman hocha doucement la tête.

-J'attirerai toujours moins l'attention. Et me voir fouiller dans les dossiers n'a rien de bizarre vu ma fonction. Après la question est, qu'est ce qu'on va faire de ce qu'on va trouver. Parce qu'on va trouver des choses et certainement pas des jolies.

Ouais, Morphée avait bien l'air du genre à avoir enchaîné les conneries avec son pouvoir plus jeune. D'ailleurs il était indéniable qu'il en faisait toujours aujourd'hui. Pas que Roman puisse vraiment en tenir rigueur au blondinet, après tout c'est bien ça que les gosses faisait. Des conneries, plus ou moins grosses. Iel décida de ne pas pousser plus loin, Morphée lui parlerai peut-être un jour de tout ça, ou bien peut-être jamais.

-J'ai des petites choses, oui. Rien d'aussi évident et impressionnant que la métamorphose cela dit.

Sauf pour ses Yeux. Mais ça, personne n'était au courant et Roman tenait à ce que cela reste ainsi.

-C'est même assez classique et attendu quand on y en pense, iel eut un petit rire. Empathie physique par contact et régénération accélérée des cellules, ce qui est utile mais pas infaillible dans mon travail. Je préfère passer par les moyens "classiques" quand je peux.

Surtout que ce n'était jamais très agréable pour lui. Cela dit, durant ses années en hôpital, en particulier durant son internat, iel avait sauvé la peau de pas mal de gens comme ça. Les services des urgences avaient tendance à vouloir le réquisitionner en permanence. Et la pédiatrie aussi, pour des raisons différentes.

-Pour l'empathie c'est surtout utile en pédiatrie, les enfants ont souvent du mal à communiquer avec précision ce qui leur arrive. Alors avoir un adulte qui peut être un relais fiable de leurs ressentis, c'est très utile.

Iel prit sans rechigner la brique entamée de jus de fruit.

-C'est si mauvais que ça ?

Par curiosité iel en goûta une gorgée, pour grimacer immédiatement. Iel avala avec difficulté et un dégoût palpable, uniquement parce que tout recracher dans la poubelle ou un mouchoir aurait été extrêmement impoli devant Morphée.

-Comment on peut vendre un truc pareil ?! Comment est ce que des étudiant.es peuvent m'en demander ?! Bouah ! J'ai l'impression que mes muqueuses fondent et en même d'avoir chopé deux carries d'un coup !

C'était étrange que de s'être retrouvé avec Roman comme seule compagnie au départ du Moineau. Qu'iel sembla motivé'e pour lui faire la conversation comme si leurs rapports étaient cordiaux depuis le début. Enfin Morphée ne pouvait pas lui en vouloir pour ce fait en particulier, il trouvait juste cela si étrange.

Enfin il avait posé une question et Roman avait répondu, il supposait qu'on ne pouvait pas lui en vouloir pour cela ; il soupirait juste d'avance en imaginant leurs prochaines rencontres dans les couloirs de la FEAH, lorsqu'il aurait les idées plus claires.

Ses pouvoirs n'étaient pas très étonnants pour quelqu'un qui était dans la médecine. L'empathie, il comprenait, devait être appréciée en pédiatrie. Lui-même n'avait jamais été trop en contact avec ce milieu, mais il les avait assez fréquenté lorsqu'il était héros pour savoir la pression qui pouvait régner dans leurs rangs, le courage de ces personnes.

« Tu devais être vachement utile. C'est dommage que tu n'aies pas utilisé ton talent pour mon pied. Enfin on est à la fin de la journée, je comprends. »

Le sucre lui avait donné un peu d'énergie pour répliquer quelque chose d'un peu piquant comme il en avait l'habitude. C'était purement ironique, non qu'il s'attendait à ce que Roman influe sur son pied – franchement, si iel n'avait plus l'habitude d'utiliser ses pouvoirs, qu'iel les garde pour lui, merci.

Morphée en but une nouvelle gorgée. Il se surprit à se dire que ce n'était pas si désagréable d'être là et qu'il prendrait sûrement le contact de Roman, histoire de li joindre quand il en en aurait besoin – les étudiants avaient souvent pas mal de problèmes et le centre de traumatho était un lieu ressource, autant en terme de stages que de soutien mental.

« C'est immonde en fait. C'est fou, ouais, dire qu'ils foutent ça à la vente. J'ai une théorie qui ferait en sorte que ça modifie leurs pupilles gustatives et qu'ils adorent les trucs dégueulasses. Attends, je dois avoir un exemple ou deux sous la main ! »

Morphée eut l'air de réfléchir quelques secondes à la prochaine bêtise qui devait sortir de sa bouche.

« Tiens. Les couilles de mammouth et le coca zéro. Ils adorent, je déteste. »

C'était complètement con et ça n'avait du sens que dans sa tête après des heures à s'être métamorphosé sans dormir. Morphée eut un léger rire et tenta de se lever de la chaise, peu habitué à rester immobile aussi longtemps.

Il s'assit de nouveau rapidement, son pied lui faisait un mal de chien, c'était comme s'il avait oublié cette blessure idiote et il avait appuyé sur le mauvais endroit.

« Tu m'excuseras, j'ai tendance à surutiliser mes pouvoirs ces derniers temps, ça me détruit un peu. », il eut un léger sourire. « Mais mon Scipio était beau gosse, non ? », compléta-t-il pour détourner la conversation.

Roman rit un peu, oui c'est vrai que ça aurait été plus simple pour Morphée s'il avait utilisé son pouvoir sur son os cassé. Quoique… pas dit que le blondinet ait apprécié la sensation de ses cellules devenant de minis centrales nucléaires tournant à plein régime et beaucoup plus vite que ce qu'elles n'auraient jamais dû le faire. D'expérience, même par proxy, ce n'était pas quelque chose de très agréable.

-Désolé mais j'ai préféré me passer de la douleur de l'os cassé et de la sensation de la guérison accélérée. Dit comme ça, ça a pas l'air si terrible mais c'est pas non plus super agréable. Et puis, le plus souvent quand le corps peut s'en remettre tout seul avec un peu de temps, c'est ce qu'il y a de mieux à faire.

-Connaissant l'industrie agro-alimentaire, ce ne serait pas surprenant.

The Eye avait fait remonter certains trucs en son temps. Et Roman avait vu défiler un certain nombre de choses qui étaient un peu trop grosses pour être purement des coïncidences dans son métier. Sans parler de tous les articles qui sortaient annuellement sur le sujet. Oh et bien sûr, Nestlé est pire que le diable. Si ça c'était pas une raison pour considérer sérieusement la chose.

-Les couilles de mammouth ? C'est quoi ça ?

Roman n'avait jamais entendu parler, et encore moins eu l'occasion de savourer une de ces délicatesses hautement glycémiques. Iel trouvait le nom euh… particulier. Est ce qu'une équipe de publicitaires et commerciaux avait vraiment approuvé ce nom ?

-Le coca zéro… Oui, effectivement c'est euh… particulier. Dans le goût, je veux dire. Après moi du moment qu'il y a de la caféine, ça me va. La vraie aberration pour moi c'est celui sans caféine.

Roman buvait du coca-cola dans les rares occasions où iel n'avait pas accès à un café. Et un besoin pressant de caféine.

Iel n'eut pas le temps de protester quand Morphée tenta de se lever, il fallait qu'il se ménage enfin ! Cela dit, le corps de son patient sembla lui faire passer clairement le message.

-Il n'y a pas besoin de s'excuser. On est aussi là pour ça.

Des gens détraqués, usés et déphasés par l'usage répétitif et intensif de leurs dons, ça défilait ici. Des cas les plus légers à ceux les plus lourds. C'était normal dans une fac de supers dans le fond. Roman poussa un peu le paquet de gâteaux au beurre vers Morphée, il avait clairement besoin des calories.

-Je suppose qu'encourager à lever un peu le pied ne servirait à rien, donc on va passer dessus. Mais, je peux prescrire des vitamines et des compléments spéciaux pour aider un peu. Cela dit, ça ne remplace pas le repos.

Franchement, vu les quantités qu'iel prescrivait on aurait pu croire que li Dr. Oberoi touchait un pourcentage des bénéfices sur la vente de ces machins.

Iel eut un petit rire.

-Honnêtement, c'était très réussi. J'y ai vraiment cru durant un moment. Cela dit, Scipio est une pince de première et un magouilleur patenté, mais il faut rendre à César ce qui est à César. Il est quand très beau gosse.

Donc Roman avait été en contact avec les industries agro-alimentaires. Pour un médecin, c'était assez étrange, Morphée fronça ses sourcils et nota ça dans un coin de son cerveau.

« Les couilles de mammouth ? Une boule de sucre énorme à lécher où à la fin t'as un chewing énorme et informe sans aucun goût. »

Il faudrait qu'il enquête sur li docteur. En toute discrétion bien entendu, quand il aurait du temps, juste pour être sûr de connaître l'intégralité de son CV.

Il comprenait toutefois la raison qui faisait qu'il n'avait pas bénéficié de la guérison miracle – lui-même se serait gentiment excusé s'il possédait de telles conséquences à son pouvoir, et réfléchit deux fois à la carrière de médecin. C'était un coup à finir dans un lit d'hôpital, ce genre de pouvoir de merde, faudrait qu'il pense à lui offrir de la morphine à Noël ou quelque chose de ce style pour li remercier.

Morphée grogna.

Il avouait volontiers que ce qui le faisait chier, c'était de recevoir des leçons de morales comme s'il avait dix ans. Enfin, il avait joué au con, il supposait qu'il l'avait mérité.

« Je vais appeler Philippe, t'as raison. Cette fois-ci, ça devrait être OK pour le retour. P'tain, il va se foutre de ma gueule pour l'éternité maintenant. »

Enfin ce n'était pas comme si leur première rencontre l'avait montré dans un état terrible non plus, Morphée n'avait littéralement plus d'espoir dans le futur, dans sa clairière et combattant une blessure qui lui avait fait perdre le visage ; par rapport à ça, souffrir à cause d'un orteil semblait si dérisoire, c'était pour cela qu'il tentait de se relever, péniblement.

« J'vais faire ce que je peux, doc. Je promets rien, je me connais, faut que ça bouge ou je pète une pile. Mais si tu veux, je t'invite à une prochaine soirée, j'essaierai de pas être trop debout. T'as un 06 ? », il tenta de lui adresser un sourire, corrigeant la situation où il avait décidément été maladroit avec li doc' depuis le début de la soirée.

Morphée piocha dans le paquet de petits beurres : une valeur sûre, ça, les petits beurres, il les savoura avec amour.

« Très très beau gosse. Il me dirait qu'il est gay et dispo, honnêtement, je me ferai avoir, c'est dire. », Morphée pouffa de rire avant de s'étouffer avec quelques miettes de petit beurre.

Roman était satisfait.e d'entendre que Morphée allait se montrer raisonnable, au moins pour un petit moment, et se ménager. Petite victoire mais victoire quand même. Iel eut un petit rire en entendant le blond deviser sur sa situation de pile électrique.

-Dans le fond je peux difficilement me plaindre des casse-cou, c'est mon fond de commerce après tout.

Cela dit, la FEAH était absolument remplie de jeunes gens (et moins jeunes) un peu trop enthousiastes et disposé.es à se péter un membre. Et toute autre variation de blessures physiques. Vraiment on était loin d'une pénurie, même plutôt l'inverse.

-Et oui, cela dit j'aime quand on me propose un verre ou bien une cigarette avant de me le demander.

Cela ne l'empêcha pas de tracer la suite de numéros sur son carnet d'ordonnances avant de l'arracher et de le tendre à Morphée.

-En tous cas, voilà. S'il y a quoi que ce soit, surtout n'hésite pas. Je te fais une ordonnance pour les dolipranes et les vitamines et je pense que c'est bon.

Ouais, Scipio était beaucoup trop canon pour le bien. C'était un fait, tout comme le fait que ce sont toujours ceux avec les plus belles gueules d'ange les pires.