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 :: Sur le campus :: Le petit Ludun ou les pentes :: Centre traumatologique
On ne peut pas fuir le passé. [Feat Philippe]
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Roman Oberoi
Roman Oberoi
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Roman Oberoi
Ven 29 Sep - 21:33
Cela ne faisait pas si longtemps, deux ans ce n'était pas grand chose dans une vie. Roman devait même reconnaître que ces deux années étaient passés incroyablement vite, et celà rendait les choses pires. Ce n'est pas iel qui aurait dû vivre le passage du temps, le changement des saisons, le ballet chaotique et incessant de la vie. Mais les choses étaient ce qu'elles sont. On ne pouvait pas changer le passé, ni le fuir. Vous pouviez être un champion de marathon, faire cent fois le tour du monde dans un sens puis dans l'autre, partir sans laisser un mot ou une adresse, cela ne changerait rien. Cet enfoiré reviendra tôt ou tard frapper à votre porte, avec ou sans fleurs à la main.

Celles de Roman étaient des chrysanthèmes. Iel aurait bien préféré autre chose, mais iel ne connaissait pas les fleurs préférées de Judith Tremblay. Leur relation n'avait jamais été de celles où ces choses peuvent s'apprendre. Iel espérait juste que la journaliste n'entretenait pas un dégoût envers elles. Il en avait fait envoyé anonymement une première fois pour l'enterrement. Puis ensuite à l'anniversaire de la mort de Judith. C'était donc la troisième fois qu'il avait passé la commande du bouquet immaculé. Il n'allait pas le déposer lui-même sur la tombe. Il était un parfait inconnu, il n'avait rien à faire là-bas. Et il se dégoûtait de ne pas y aller, de ne pas avoir les tripes suffisantes pour assumer jusqu'au bout. Au fond ce n'était qu'une excuse, une pitoyable et pathétique excuse pour ne pas faire face aux conséquences de ses actes.

Depuis deux ans, cette période de l'année était particulièrement dure à vivre pour Roman. Iel avait comme un goût de cendre permanent dans la bouche. Li qui ne dormait déjà pas forcément beaucoup et longtemps en temps normal, là c'était à peine s'iel parvenait à cumuler une heure de sommeil d'affilée. Pour être honnête, Roman ne voulait pas dormir non plus. D'une certaine façon, il s'interdisait le repos.

Durant des semaines il ne s'arrêtait tout simplement pas. Il prenait un maximum de gardes, de patient.es et d'urgences. Même durant les heures durant lesquelles iel n'était pas supposé.e travailler, il avait toujours quelque chose en cours. Et si ce n'était pas s'occuper l'esprit en soignat quelqu'un, c'était en ressortant ses vieux dossiers de recherches et les éplucher encore et encore. Ceux sur lesquels Judith travaillait avant sa mort, ceux qui lui avaient coûté la vie.  Le restant de l'année, ils reposaient dans des cartons, cachés dans un placard du logement de Roman. Iel n'y touchait pas, les laissant prendre la poussière. C'était quelque chose qu'iel voulait laisser derrière, ne pas se retourner. Mais il ne pouvait pas résister à l'appel de ceux de Judith.

Alors, il les sortait, les papiers tapuscrits imprimés sur papier qu'iel avait reliés lui-même. Et qui étaient désormais couverts d'annotations, de surlignages aux marqueurs en tout genre. Roman prenait même des notes sur des feuilles volantes qu'il glissait dans les dossiers à force. Il aurait été plus raisonnable de les laisser chez lui, bien à l'abris dans un endroit qu'iel était le seul à fréquenter. Mais Roman n'était pas raisonnable durant cette période, pas vraiment iel-même.

Il travaillait dessus dans son bureau ce soir-là, relisant encore et encore les mêmes lignes parcourues déjà des centaines de fois. Comme si un détail, un sens nouveau jusque là ignoré allait d'un coup surgir. Iel avait  forcément du raté quelque chose… Mais ce ne serait pas ce soir que Roman Oberoi allait recevoir une épiphanie. Un appel en urgence pour une étudiante qui avait un peu trop bu avec ses potes, et bien sûr iels avaient pris des vélos. Et une voiture.

Roman avait donc abandonné tout ce qu'il était en train de faire, et ses papiers en vrac sur son bureau pour aller donner les premiers soins sur place et voir s'il n'y allait pas avoir du monde à occuper les lits de l'infirmerie pour la nuit. Il espérait que non, mais ne se faisait pas trop d'illusions non plus.
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Philippe Bruyère
Philippe Bruyère
Messages : 86
Date d'inscription : 05/06/2023
Philippe Bruyère
Lun 2 Oct - 13:12
La dernière fois que Philippe était allé à l'infirmerie, c'était pour récupérer un mini-Morphée qui s'était embourbé dans une situation foireuse. Aujourd'hui, c'était pour réparer un radiateur qui fuyait dans le bureau du Docteur Oberoi. Les réparations étaient nombreuses à la FEAH, et ses journées longues, mais ça lui convenait. Avec toutes ces hures à rattraper, car le dirlo préférerait marcher sur un clou rouillé plutôt que de les lui payer, il gagnait des jours de repos supplémentaires ici et là qu'il pouvait consacrer à sa nièce.

Vêtu de son bleu de travail (qui était bien bleu aujourd'hui) armé de sa boîte à outils, il se rendit là où le devoir l'attendait. Il n'y avait cependant personne au bureau. Philippe toqua, puis devant l'absence de réponse, il utilisa son passe-partout pour ouvrir la porte. Le docteur Oberoi avait dû partir précipitamment, vu le bazar qu'iel avait laissé sur son bureau. Heureusement, il n'avait pas besoin qu'iel soit là pour effectuer sa réparation et finir sa journée. Le concierge posa la boîte au sol, à côté du bureau, et son regard s'égara sur les dossiers qui traînaient dessus. Ca ne ressemblait définitivement pas à des dossiers médicaux. Philippe avait beau avoir raccroché son costume de Noir Moineau il y a plus deux ans maintenant, il ne pouvait pas chasser dix ans de sa vie comme ça. Et s'il n'avait pas été un héros enquêteur, jouant plutôt dans la catégorie des gros bras utiles pour les dégâts qu'il pouvait causer, il avait tout de même appris quelques trucs, donc celui de se fier à son instinct. Et là son instinct lui disait que ses pages bardées de couleurs, de ratures, de surlignages et de notes en tout sens ne ressemblaient pas à ce qu'on devait trouver dans le bureau d'un médecin normal. Ca ne coûtait rien de jeter un coup d'œil, au pire il reposerait si finalement c'était bien un papelard de médecine.

Mais ce n'était pas des papelards de médecine. Philippe parcourait les pages, ses sourcils se fronçant de plus en plus et il en oublia rapidement pourquoi il était venu ici à la base. C'était des dossiers de renseignements. L'ancien super reconnaissait certains noms, toutes des personnes puissantes dont les malversations avaient été dévoilées par des journalistes. Celui de Judith ne lui était pas inconnu non plus, c'était celui de la journaliste qui avait écrit les articles les mettant en cause, et qui avait connu une mort atroce pour s'être un peu trop approchée de la saleté. Ce n'était pas des dossiers qu'un simple docteur devait avoir en sa possession, tous ces renseignements, il avait fallu creuser très profonds pour les avoir. Mais le concierge commençait très fortement à soupçonner que Roman Oberoi n'était pas un simple docteur. Philippe n'était peut-être pas le seul à dissimuler une double identité ici.
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Roman Oberoi
Roman Oberoi
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Roman Oberoi
Mar 3 Oct - 19:40
En arrivant sur place, Roman constata qu'on avait clairement minimisé la force de l'impact lorsqu'on l'avait appelé. Ou en tous cas pas suffisamment appuyé au vu des dégâts matériels qu'iel observa. Par le stéthoscope d'Hippocrate… Iel allait pas voler son salaire ce soir.

Bien heureusement pour la bande de jeunes inconscient.es et imbibé.es, si le décors était impressionnant, leurs blessures l'étaient nettement moins. Iels avaient eu un coup de pot démentiel, parce que bon pour le coup le docteur n'aurait pas été surpris de faire face à des cas d'amputations accidentelles. Voire pourquoi une petite décapitation. Mais ce n'était pas le cas. Un.e s'était bien frappé la tête assez fort, et nécessiterait une bonne nuit d'observation et une sacré dose d'antidouleur, mais iel survivrait. Il y avait aussi bien le lot de coupures, hématomes et bosses en tout genre, mais qui n'avaient rien de particulièrement alarmant.

Roman avait soigné sur place une partie des miraculé.es, en leur disant de bien de ne pas hésiter à venir se faire examiner au centre ou à l'infirmerie dans les jours à venir. Sans qu'iel ait de grands espoirs que ses recommandations soient suivies.

C'est une petite troupe de brancards qui vient s'installer dans l'infirmerie, Roman et l'infirmière de garde courant presque d'un.e patient.e à l'autre. Et la réserve de packs de glace fut totalement vidée. La plupart purent rentrer chez illeux une fois rafistolé.es, et avec une ordonnance pour une certaine quantité de boîtes de doliprane. Il ne restait qu'une personne qui allait devoir passer une nuit blanche sous la surveillance de Roman et du personnel de garde.

Pour le coup, après tout ça, Roman se sentait bien d'aller s'allonger un peu dans son bureau. Quelques minutes, fermer les yeux et juste essayer de se détendre autant qu'iel le pouvait. Iel était dans un état de fatigue suffisant pour ça, son esprit le laissait un peu en paix. Cela ne durerait pas, mais pour l'instant il pouvait en profiter.

Cette perspective se brisa en morceau alors qu'il ouvrit la porte de son bureau, pour croiser le regard de Phillipe Bruyère derrière son bureau. Devant ses dossiers étalés et clairement visibles. Il y eu un moment de blanc dans l'esprit du docteur. Un instant de panique et de certitude d'une catastrophe imminente couplée à une fatigue écrasante lui fit sortir un magnifique :

-Et merde.

Avant qu'il ne puisse se ressaisir ou tenter une autre approche. Pour sa défense, iel était effectivement dans la merde.
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Philippe Bruyère
Philippe Bruyère
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Date d'inscription : 05/06/2023
Philippe Bruyère
Mer 4 Oct - 23:59
A ce moment de la soirée, le radiateur qui fuyait avait été totalement occulté par la trouvaille de Philippe. La boîte d'outils, tristement délaissée au pied du bureau, sur lequel le concierge était sérieusement penché, les neurones en ébullition. Il les avait triés, ordonnés, il s'était creusé la cervelle pour se rappeler de tout ce qu'il savait sur les noms qui lui apparaissaient. C'était grisant quelque part, ça lui rappelait l'Âge d'Or du Noir Moineau, quand il n'avait qu'à arrêter les vilains sans se soucier de rien de plus que d'être blessé et que l'autre ne se comportait pas encore comme un connard fini. Mais c'était aussi effrayant, car si ce qu'il voyait se dessiner était juste, ça voulait dire que les étudiants, dont les jumeaux sur lesquels il avait promis de veiller, étaient en contact étroit avec un dangereux criminel. Ou quelqu'un travaillait avec (pour ?) lui. Il pense à mini-Morphée, qu'il avait récupéré à cette place même, et sa bouche s'assécha. Peut-être son ami avait risqué pire qu'un orteil cassé.

Car toutes ces notes, toutes ses infos, ne pouvaient pas avoir été obtenues uniquement par voie légale. Il y voyait le mode opératoire de The Eye, un de ces justiciers qui n'hésitaient pas à enfreindre la loi pour faire appliquer leur vision de la justice. Parfois, ils étaient pire que les hommes qu'ils prétendaient combattre. Si Philippe ne suivait plus tant que ça l'actualité héroïque, il savait que The Eye avait disparu des radars peu après lui. Peu après le meurtre de cette journaliste même, songea Philippe, maintenant qu'il avait les dossiers pour faire le lien. Son identité n'avait jamais été dévoilé, car The Eye était de ceux qui agissent dans l'ombre, utilisant les informations qu'il obtenait on ne savait jamais vraiment comment comme une arme. Pas étonnant que Morphée craigne autant l'étudiant'e Khora : The Eye avait créé un dangereux précédent à leur époque.

Philippe en était là dans ses réflexions lorsque le docteur Oberoi revint à son bureau. A l'air défait et au juron qu'iel lâcha en le voyant, Roman semblait bel et bien avoir des choses à cacher. Qu'iel était proche de The Eye ? Ou encore pire ? L'ancien héro darda son regard sur ellui.

Qui êtes-vous vraiment, doc' ?
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Roman Oberoi
Roman Oberoi
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Roman Oberoi
Jeu 5 Oct - 0:19
Merde merde merde. MERDE. Le cerveau fatigué de Roman se mettait à tourner à cent à l'heure, pris d'un brusque afflux d'adrénaline et de stress. Oh purée, il allait pas lui falloir que du lait et du sucre dans son café après ça.

Iel était dans la mouise, c'était indéniable. Et franchement le regard inquisiteur du concierge lui filait un peu des sueurs froides dans le dos. Peut-être n'était-il pas trop tard pour sortir en courant et disparaître dans la nature ? La vie comme cryptide dans un coin de campus était peut-être une si mauvaise réorientation pro. La pensée li traversa presque un moment avant de s'envoler définitivement.

Non. Iel pouvait encore tenter de récupérer les choses. Pour le moment tout ce que Bruyère avait été, au mieux, circonstanciel. Rien qui ne tiendrai devant un tribunal, avec un bon avocat derrière. Roman comptait bien faire en sorte que ça n'arrive pas au stade d'envisager de prévenir les autorités. Déjà qu'en temps normal iel n'aimait pas les condés…

Allez, c'était l'occasion ou jamais de la jouer à l'audace, ça passe ou ça casse. L'un des plus gros bluff de sa vie, le moment qui pourrait lui valoir un oscar. Un air gêné se peignit sur les traits fatigués et marqué du docteur alors qu'il passait nerveusement une main derrière sa nuque, clairement embarrassé.

-Ahaha… On dirait que je suis découvert.

Iel espérait vraiment que non.

-Je ne peux pas nier les choses là… J'avoue, c'est pas trés glorieux mais… J'ai une passion pour le true crime.

Bon, avec un peu de chance iel connaissait assez de médecines légistes grandement énervées (justement) par les hommes pour que ça passe si Bruyère poussait les choses plus loin. C'était fou ce qu'on pouvait apprendre après le boulot autour d'un verre.

-C'est mon plaisir coupable, et j'ai developpé un intérêt tout particulier pour The Eye… Je sais ça le fait moyen dans une fac de super héros.

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Philippe Bruyère
Philippe Bruyère
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Philippe Bruyère
Jeu 12 Oct - 23:16
Philippe avait envie de le croire. Vraiment. Parce qu'il n'avait pas envie d'apprendre que son collègue était un criminel, parce qu'il n'avait pas oublié la patience et la compréhension dont iel avait fait preuve avec Morphée, malgré son petit manège, ou de l'inquiétude qu'iel avait eu en apprenant qu'il y avait eu des expériences illégales menées sur des étudiants. D'ailleurs, pourquoi ne croirait-il pas Oberoi ? Du peu qu'il avait parlé avec, il lui avait donné le sentiment d'être quelqu'un bien. Et en général, Philippe avait confiance en ses intuitions. Elles l'avaient aidé plusieurs fois, durant sa carrière héroïque. Comme quoi, on pouvait se planter des fois. Car là, maintenant, son intuition lui criait justement que l'autre essayait de le mener en bateau. Le concierge goûta au sentiment que Roman avait eu quelques jours plus tôt, lorsque lui avait essayé de sortir Morphée du guêpier dans lequel il s'était fourré. Ce n'était vraiment pas agréable. Philippe détestait qu'on se foute de sa gueule, et il n'avait pas la patience du médecin. Ca se lisait sur son visage, avant même qu'il ne grogne

Vous m'prenez vraiment pour un con en fait, c'est ça ?

Il retira ses lunettes, celles qu'il ne mettait que pour lire car sinon il avait des maux de tête après, plia les branches, et les remit dans dans une des poches de son bleu. Si Roman n'avait pas parlé de The Eye, sans doute l'aurait-il cru. Ou du moins aurait-il écouté ce qu'iel avait dire avant de se faire son avis. Mais iel avait parlé de The Eye, alors que Philippr n'avait pas encore mentionné le hors-la-loi.

Parce que de c'que j'ai eu l'temps d'lire, The Eye est écrit nulle part... Mais y a écrit 'je' partout dans vos notes. Comme si elles avaient été écrites par l'concerné. Vous voyez l'problème, doc' ?

Ok, peut-être pas partout, mais suffisamment pour que Philippe soit plus tenté de croire ce qu'il avait pensé en premier, que Roman était un proche de The Eye, voir (mais n'était-ce pas poussé le soupçon trop loin ?) The Eye en personne. Et vu le contenu de certaines notes, Roman aurait pousser les recherches bien loin pour une prétendue passion. Philippe commença à rassembler les papiers, qu'il avait un peu plus éparpillé qu'elles ne l'étaient déjà à son entrée pendant qu'il les parcourait. Il allait les embarquer. Il ne savait pas encore quoi en faire, mais elles étaient suffisamment louches pour qu'il ne prenne pas le risque de les laisser au docteur pour qu'iel les détruise.

J'redemanderai pas une troisième fois... Vous êtes qui, Docteur Roman Oberoi ?
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Roman Oberoi
Roman Oberoi
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Roman Oberoi
Ven 13 Oct - 0:21
La scène prenait un peu trop des airs de déjà vu au goût de Roman. Il n'y a pas si longtemps encore c'est li qui demandait à Bruyère s'il ne li prenait pas pour un con. Maintenant les rôles étaient inversés. Et cela n'avait rien d'agréable.

Une douche, chaude ou froide qu'importe, iel ne voulait qu'une douche pour ensuite sombrer dans son matelas. Iel accueillerait volontiers l'eau brûlante ou glacée, peu importe du moment qu'elle était dans les extrêmes, et achevait d'effrondrer son corps. Ce n'était clairement pas possible pour le moment.

Putain… La première personne. Iel avait pris ses notes à la première personne. Bien sûr qu'iel l'avait fait, pourquoi aurait-ce été autrement ? Ces documents étaient prévus pour son usage personnel, Roman n'avait pas de raison de se dissocier de The Eye dans ces cas là. Iel pouvait faire tomber les masques, et être cette personne à mi-chemin.

Soudainement, Roman se sentit comme Atlas et Sisyphe. Un poids beaucoup trop lourd qui se faisait sentir avec une intensité nouvelle sur ses épaules. Iel avait tenté de fuir, de contourner le problème. Cela avait échoué. Iel avait assez de sang sur les mains, il était hors de question qu'une vie soit gâchée de nouveau pour sauver la sienne. Surtout pas de cette manière. Judith… Judith, cela avait été accidentel, involontaire. Ici, ce ne le serait pas. Et c'était hors de question, Roman s'y refusait catégoriquement.

Il poussa un long et profond soupir, un de fatigue extrême. Iel ne pouvait plus fuir.

-J'ai besoin de m'asseoir une minute.

C'était vrai, Roma n'était pas certain de pouvoir tenir bien plus longtemps sur ses jambes. Lentement, en laissant bien à Philippe l'occasion d'observer le moindre de ses gestes Roman pris place.

-Désolé, c'était la seule excuse que j'avais en tête. Je ne pensais pas que quelqu'un tomberait sur ces documents. Enfin, pas comme ça en tous cas.

Il eut un petit rire amer et triste.

-Si ça peut vous rassurer, tout ça est clairement plus un tragique constat sur mon intelligence, qu'une insulte à la votre.

Franchement, iel voyait désormais au pied du mur, à quel point iel avait enchaîné les erreurs stupides en particulièrement peu de temps. De quoi mériter une place sur le podium aux JO, honnêtement.

-Je tiens à dire que je n'ai jamais menti sur mon identité, ni sur mes compétences, pour obtenir ce poste. Je suis bien Roman Oberoi, et je suis bien docteur.

Iel en avait assez bavé durant ses années d'études et d'internat pour le préciser. Iel était médecin.e. Iel avait gagné le droit de se présenter ainsi, de s'affirmer dans cette profession. C'était son orgueil et sa joie. Peut-être était-ce mal placé, mais Roman ne voyait pas le mal à préserver les quelques lambeaux de dignité qu'il lui restait.

-Je pense que vous avez déjà deviné. Le "je", ça vend un peu la mèche pour le coup.
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Philippe Bruyère
Philippe Bruyère
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Philippe Bruyère
Sam 14 Oct - 0:05
Putain, doc' était The Eye. Iel l'avouait de li-même. La soirée venait de prendre une tournure un peu trop intense pour Philippe, qui n'aspirait qu'à une vie calme normale. Enfin, aussi calme et normale qu'elle puisse l'être en travaillant à la F.E.A.H. Il suivit l'exemple de Roman, et s'assied pour de bon sur le bureau, car ça ne faisait pas de mal de s'asseoir après une telle révélation. Il venait de confondre The Eye, un criminel recherché depuis quelques années, et n'en tirait aucune joie. Parce que c'était un collègue qu'il appréciait trouvait moins con que d'autres, parce qu'il n'avait aucun mérite, tout ça n'était que la conséquence de la bourde monumentale qu'avait commis le docteur. Philippe n'était pas du genre à frapper une personne à terre, il ne dit donc rien, même si, en effet, pour quelqu'un qui avait fait autant d'études, Oberoi avait été d'une incroyable connerie. Il posa la seule question qui importait.

Scipio savait, quand il vous a embauché ?

Le concierge devait savoir si son patron, en plus d'embaucher des criminels repentis, embauchait aussi volontairement des criminels en cavale. Car si c'était le cas, il irait lui dire de mots. Comme on était dans le genre de situations qui tolérait bien une petite entorse, Phil' sortit son paquet de clopes et en prit une. Les alarmes à incendie étaient loin de toutes fonctionner sur le campus, et il savait que celle de l'infirmerie était en rade depuis des jours. Elle était sur la (trop) longue liste des choses qu'il devait réparer. Ca lui rappela l'époque où il se grillait une cigarette, après les opérations les plus stressantes, une fois le costume du Noir Moineau enlevé, pour ne pas avoir une mauvaise influence sur les plus jeunes. Qu'est-ce que l'autre avait pu lui prendre la tête avec ça. Il en proposa une également à Roman. Même avec les preuves sous les yeux et les aveux, il n'arrivait toujours pas à faire le lien entre The Eye le maître-chanteur et Roman Oberoi, lae sympathique docteur'e du campus. Iel semblait avoir perdu toute combativité. Philippe aurait aimé quitter la pièce, comme si de rien était. Avoir été faire cette réparation à un autre jour. Mais il ne pouvait pas. Roman avait fait des mauvaises choses. A des mauvaises gens certes, de ce qu'il savait mais ça n'excusait rien. Ce n'était pas comme ça que fonctionnait la justice. Il remit son paquet de la poche dont il l'avait tiré.

J'vais devoir appeler les flics, Roman. J'peux pas faire comme si j'avais rien vu. Bordel, j'ai pas envie, mais merde, vous êtes The Eye.

Ca allait foutre la vie d'Oberoi en l'air, il le savait. Oberoi, qui semblait s'être rangé, et qui s'occupait maintenant de jeunes. Comme lui. Il alluma sa clope et inspira, levant la tête pour recracher la fumée afin de ne pas l'envoyer dans la figure de Roman. Iels pouvaient parler encore, avant qu'il ne fasse ce qu'il devait faire. Retarder l'échéance de l'appel fatidique, au moins un peu.

Pourquoi vous avez arrêté ? C'est à cause de ce qui est arrivé à cette femme ?
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Roman Oberoi
Roman Oberoi
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Roman Oberoi
Sam 14 Oct - 16:00
Roman secoua la tête négativement à la question de Philippe.

-Non. Il ne sait pas.

Pas par Roman en tout cas. Il était parfois compliqué de dire avec certitude ce que Scipio savait, ou ne savait pas. Ce qu'il taisait par calcul, désintérêt ou ennui, ou tout simplement parce qu'il n'avait rien à dire dessus.

Iel accepta la cigarette tendue par Philippe, octobre avait vraiment été un mois stressant pour li et voilà que Roman reprenait de mauvaises habitudes. Iel avait déjà cramé, assez littéralement, toute une partie de son capital santé durant ses études et son internat. Si un jour un cancer lui tombait dessus, iel saurait à quoi ce serait dû. Raison de plus de ne pas allumer ce bâton de cancer. Mais là, iel était vraiment au fond.

Oui, les flics, cela semblait l'étape suivante logique. Pas que cela l'enchantait, loin de là.

-Pas particulièrement envie d'avoir à faire avec les poul… eux, non plus.

Insulter les flics n'était sans doute pas la meilleure des stratégies vu sa situation. Mais franchement, les condés l'aidait pas. D'une certaine manière, s'iel avait fait ce qu'il avait fait, c'était un peu de leur faute. Si iels faisaient correctement leur boulot de protection de la population et n'étaient pas corrompus jusqu'à l'os. Mais iels seraient ravis de l'avoir sous la main, ne serait-ce que parce qu'il avait soulevé pas mal de merde chez eux. Roman tira un moment sur sa cigarette, en prenant une profonde bouffée de fumée. Pétard qu'est ce que c'était bon !

-Je ne vais pas vous empêcher de le faire, iel n'en avait pas la force. Mais, est ce que vous pourriez me laisser un peu de temps avant ? Que je puisse mettre quelques affaires en ordre ?

Et peut-être tenter de se tirer dans un pays loin d'ici où la Gaule n'avait pas d'accord d'extraction. Peut-être, mais là de suite ce n'était pas une véritable option dans l'esprit de Roman.

Oh. Oui. C'était normal de poser cette question. The Eye avait disparu du jour au lendemain, sans un mot. Roman aurait dû s'y attendre, mais la question le secoua quand même. Pour une simple raison : iel n'en avait jamais parlé avant. Personne ne lui avait jamais demandé. C'était quelque chose qu'iel avait vécu et gardé seul durant deux longues années. Iel n'avait jamais parlé à personne de Judith, de ce qui c'était passé avant. De ce qui s'était passé après.

-Oui. C'est à cause de ce qui est arrivé à Judith.

Il tira de nouveau sur sa cigarette, les yeux désormais dans le vague. Roman n'était plus là, plus tout à fait.

-On a commencé à travailler très tôt ensemble. C'était une personne incroyable, une fois qu'elle tenait quelque chose elle ne lâchait pas avant d'avoir tiré tout au clair. Nous formions une bonne équipe, une excellente équipe. Nous ne nous sommes jamais rencontré physiquement, elle n'a jamais su qui se cachait derrière The Eye, mais je crois qu'elle s'en fichait.

Un long silence se posa après ça. Quand il reprit la parole, la voix de Roman tremblait, tout comme sa main.

-Elle connaissait les risques, on connaissait les risques tous les deux. Mais… Mais elle n'était pas aussi protégée que moi. On a exposé tellement d'enfoirés, on… On a eu nos coups de flippe. Ce ne sont pas les genres des types qui ne font rien pour tenter de vous faire taire. Jamais comme ça…

Les larmes avaient commencé à couler sur le visage du docteur sans qu'il s'en rende compte. Iel n'avait pas pleuré quand il avait appris la nouvelle. Iel n'en avait pas eu l'occasion par la suite.

-Je ne l'ai pas tuée, mais c'est tout comme. J'aurais dû, j'aurais dû trouver un moyen de la protéger. De m'assurer que ça n'arrive pas.

Les derniers mots furent étouffés dans les sanglots violents et incontrôlables de Roman.
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Philippe Bruyère
Philippe Bruyère
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Philippe Bruyère
Dim 15 Oct - 15:26
C'était déjà un soulagement que Scipio n'est pas sciemment embaucher un'e hors-la-loi. Il eut un rictus lorsque saon collègue lui signifia que li aussi ne souhaitait pas avoir à faire aux flics. Tu m'étonnes. Quelle personne queer et à la peau foncée voudrait avoir à faire aux flics, surtout quand on était un'e justicièr qui se battait contre l'ordre établi ? L'institution judiciaire ne serait clairement pas du côté de Roman. Phil' hocha donc la tête lorsqu'iel lui demanda une faveur.

Ouais. Je peux faire ça.

C'était le seul truc qu'il pouvait faire pour li d'ailleurs, vu la situation. Même si il allait surveiller qu'iel en profite pas pour se tirer en douce. La journée n'était pas prête de se finir. Et sa curiosité venait encore de la rallonger. Philippe resta silencieux, fumant lentement sa cigarette, les cendres atterrissant dans son petit cendrier de poche qu'il avait posé sur le bureau. Lorsque Roman se mit à pleurer, il sortit un paquet de mouchoirs. Oui, il avait beaucoup de choses dans ses poches, et c'est pour ça qu'il aimait bien ses tenues de travail, car des poches, elles en avaient plein. Il li tendit le paquet pour qu'iel le prenne. A cet instant, iel en avait bien plus besoin que lui. Roman avait mal choisi la personne devant qui craquer, car Philippe était nul pour consoler les gens. D'ailleurs, comment consoler une telle douleur, apaiser une telle culpabilité ? Il n'y avait rien à dire, rien à faire, juste à écouter, alors, le cœur serré, Philippe laissa Roman s'épancher, jusque le flot de larmes se tarisse. Sa clope était finie, et franchement la tentation d'en prendre une autre était très forte. Ou du whisky. Ouais, du whisky ça serait parfait.

Votre Judith, elle s'est battue pour c'qu'elle croyait, pour la Justice et la Vérité. Comme une héroïne. C'était une super sans costume. Et des fois, les supers meurent.

Inconsciemment, sa main libre s'était posée sur son flan pendant qu'il disait ça, sur la cicatrice qui restait de la fois où une barre de métal l'avait transpercé. C'est tout, c'était comme ça, les supers ne pouvaient pas gagner à chaque fois. La vie n'était pas un film hollywoodien, des fois les gentils perdaient et les méchants n'étaient pas punis. Philippe avait longtemps joué au jeu des héros et des vilains, il avait failli y laisser sa peau plusieurs fois, et n'avait pas su sauver tout le monde. Il se demanda si l'autre aurait ressenti autant de culpabilité s'il était mort, cette fois-là au musée. Le Noir Moineau aurait aimé croire que oui.

Pas réussir à protéger une personne, et la tuer, c'est deux choses différentes. Vous êtes pas responsable de ses choix à elle, ou des choix des connards qui l'ont buté, juste des vôtres.

C'était sa conclusion de dix ans de réflexions à ce sujet. Toutes ces personnes que le Noir Moineau n'avait pas réussi à protéger, elles n'étaient pas non plus mortes par sa faute. Il avait essayé, et ça lui suffisait pour réussir à dormir la plupart des nuits. Il espérait, pour son bien, que Roman le comprenne un jour.
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Roman Oberoi
Roman Oberoi
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Date d'inscription : 15/09/2023
Roman Oberoi
Mar 24 Oct - 21:35
C'était un deuil réprimé de plus de deux ans qui coulait sur le visage de Roman. On venait d'ouvrir enfin les valves d'un barrage qui menacait depuis trop longtemps de déborder. Chaque larme, chaque sanglot qui sortait de sa poitrine était une libération pour li. Iel était enfin en mesure de reconnaître la perte de Judith comme il se devait, et c'était dans la douleur et le déchirement. Dans la vulnérabilité aussi.

Roman était reconnaissant à Philippe qu'il li laisse faire, qu'il n'intervienne pas pour tenter de contenir ou calmer son chagrin. Au bout d'un moment, les larmes se tarirent, le souffle repris un rythme calme. Roman se sentait complètement rincé.e, aussi frais qu'une morue sur l'A7 en plein mois d'août qui se serait fait passer dessus par un 3 tonnes. Mais iel se sentait plus léger, un petit mieux que depuis…. depuis très longtemps.

-Merci.

Il accepta les mouchoirs avec une reconnaissance sincère et une voix abimée par les sanglots et le sel. A ses pieds il y avait les cendres de sa cigarette, elle s'était consumée entre ses doigts alors qu'iel recréait le déluge à son échelle. Finalement, iel n'avait même pas pu la fumer dans son intégralité. Ce n'était peut-être pas plus mal, ce mois laissait présager une rechute, quelle merde. Iel avait galéré pour arrêter la première fois. Pourtant là, iel n'aurait pas dit non à une deuxième.

Addiction de merde.

Iel écouta en silence. Oui, cela faisait sens, mais Roman ne parvenait pas à être convaincu.e pour autant. Philippe avait l'air d'avoir réfléchi longtemps à ce genre de questions. Peut-être un peu trop pour qu'il n'y ait pas quelque chose là dessous,, Roman était cependant bien trop claqué pour creuser ça.

-Peut-être… Mais cela reste profondément injuste qu'il n'y ait qu'elle a payer le prix.

Et sans doute que même maintenant, même en connaissant l'issue de cette histoire… Roman aurait fait le même choix initial. Iel aurait encore créé le masque de The Eye et exposé ce qui avait à l'être. Roman Oberoi avait appris depuis longtemps, et pas en douceur, que la Justice humaine était profondément faillible, et injuste. On ne traversait pas les ans en étant quelqu'un comme li sans le réaliser. Et iel jugeait qu'iel avait une certaine chance, iel avait un M majuscule sur ses papiers d'identité. Iel n'impliquerait juste pas autant Judith, pas comme elle l'avait été.

Qu'est ce que ça voulait dire de lui au fond ? Qu'est ce que cela revelait sur le si doux et empathique docteur Oberoi ? Li docteur.e qui collectionnait les tasses kitsch et humoristiques dans la salle de pause ? Qui, malgré une patientèle composée en écrasante majorité d'adultes majeur.es et vacciné.es, avait un tiroir remplis de sucettes et autres sucreries à distribuer. Qui montait au créneau pour la défense des élèves dans des situations particulières, compliquées ou qui avaient simplement besoin de quelqu'un de leur côté. Sans doute rien de très flatteur.

Les larmes commençaient à sécher sur les joues de Roman, et pendant un bref instant il fut frappé d'à quel point l'instant était… calme. Un peu comme si le monde s'était coupé de ce bureau pour ces quelques minutes. Ou bien était-ce la fatigue qui parlait ?

-Je n'en avais jamais parlé, à personne.

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Philippe Bruyère
Philippe Bruyère
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Philippe Bruyère
Mer 25 Oct - 23:54
Aucun commentaire de la part de Philippe ne trahit ce qu'il pensait. Deux ans que Roman vivait avec cette culpabilité sur la conscience, iel avait et continuerait à payer le prix longtemps. Ce qui, sans vouloir manquer de sensibilité ou de compassion, n'arrangeait pas les affaires de Philippe. Ca aurait été tellement plus facile si Roman s'était révélé être un de ces méchants clichés, arrogants et fiers de leurs crimes. Il serait allé le dénoncer le cœur léger presque. Mais là...
Philippe avait déclaré ne pas avoir le choix, qu'il devait prévenir la police. Hors, on a toujours le choix. Des fois c'était des choix nuls, peste ou choléra, laisser un criminel en liberté ou envoyer en prison un homme déjà rongé par les conséquences de ce qu'il avait fait. Et l'ancien héro doutait que condamner le docteur Oberoi change quelque chose. La mort de la journaliste est une punition bien plus horrible que n'importe quelle peine de prison. Ca ne ferait que l'enfoncer davantage. Mais cela voudrait aussi dire que la justice ne serait pas rendue pour les victimes des chantages de The Eye. Pas des gens biens certes, mais la Justice était pour toustes, non ? Et voilà que Roman en rajouter une couche, lui confiant que c'était la première fois qu'il en parlait à quelqu'un. Et Philippe, pour avoir aussi des trucs qu'il gardait pour lui depuis son époque héroïque, savait ce que ça signifiait, de garder un tel poids pour soi. Il hocha la tête, pour montrer qu'il comprenait, avant de se lever. Il passa la main dans ses cheveux, jurant.

Putain. Fais chier.

Sa décision était prise. Et ce n'était définitivement pas celle que lui dictait sa raison, ou celle qui l'aiderait à dormir sereinement la nuit. Un super digne de ce nom n'aurait sans doute pas fait ce choix, mais Philippe n'en était plus un, et il ne se sentait plus tenu d'agir comme tel.

C'soir, j'ai rien vu d'autre dans votre bureau qu'un radiateur de merde qui fuyait, doc'. Vous avez pas été assez con pour laisser traîner des preuves sous l'nez du premier venu. Mais si un jour The Eye r'prend du service, ou si j'vois que vous essayez de foutre des idées bizarres dans la tête des jeunes, j'vous jure que j'vous que j'vous enverrai moi-même chez les flics d'un coup d'pied au cul.

Philippe n'était pas content, mais il ne savait plus trop si sa colère était dirigée envers Roman qui l'avait mis dans une telle situation ou envers lui pour avoir choisi les sentiments plutôt que la justice. Il se pencha pour ouvrir sa boîte et farfouilla dedans pour prendre les outils nécessaires, à grand renforts de gestes brusques et de bruits. Quitte à être très contrarié, autant être très contrarié AVEC son job fait, non ?
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Roman Oberoi
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Roman Oberoi
Jeu 26 Oct - 12:24
Incrédule, Roman cligna des yeux en silence alors que Philippe se levait pour aller régler son compte au radiateur. Pendant un bref instant Roman se demanda si tout ceci n'était qu'un rêve. Un cauchemar particulièrement réaliste et détaillé, mais qui venait de s'achever à l'instant. Peut-être même dormait-iel encore ? Il fallait le vérifier.

La douleur qui irradia de son bras lui confirma que, non, iel était bien réveillé. Tout ceci était bel et bien réel. Et en plus maintenant iel avait mal au bras, iel aurait dû se pincer moins fort. Iel s'était attendu à finir tabassé dans une cellule alors qu'un dysfonctionnement malencontreux affectait les caméras de surveillance du poste. Ou bien à se barrer dans la nuit pour un pays où iel pourrait recommencer une vie sous une nouvelle identité. Un sans accord d'extraction avec la Gaule de préférence. Mais certainement pas à ce que Philippe Bruyère décide de le laisser partir comme ça.

-Je.. Merci.

C'était tout ce qu'iel pouvait dire. Iel n'avait jamais prévu de faire du mal aux jeunes, quant à reprendre du service… Ce n'était pas pour tout de suite. Sans doute jamais, pas comme iel l'avait fait avant en tous cas. Quoique ce détail serait certainement mieux gardé sous silence.

-Mais pourquoi ?

Certainement pas la meilleure question à poser, iel aurait sans doute mieux fait de bien fermer sa gueule et de profiter sans discuter de ce qu'on lui donnait. Mais ce n'était pas le genre de Roman , iel avait besoin de savoir. Pourquoi un tel retournement ?
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Philippe Bruyère
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Philippe Bruyère
Jeu 26 Oct - 22:09
La question était légitime, mais Philippe n'avait plus envie de parler de ça maintenant. Il voulait juste finir ce pourquoi il était venu à la base et se tirer d'ici en vitesse. Et sans doute, après, aller se boire au club. Peut-être passer la nuit avec quelqu'un, histoire d'oublier qu'il s'était assis sur ses principes de justice. Roman l'avait mis dans une sale situation, où aucun de ses choix n'auraient été satisfaisants. Le genre de situations qu'il espérait ne plus avoir à affronter en renonçant à porter le costume. Etait-ce trop demander que de vivre tranquillement, loin du cirque des supers et des criminels ? Ses outils en mains, Philippe se releva.

Vous avez arrêté d'être The Eye. Ca changerait rien que vous finissiez en taule maintenant. Et puis... Vous payez déjà assez.

C'est tout ce que Roman aurait, iel devrait donc s'en contenter. Les victimes de The Eye n'en sauraient jamais rien, mais iel s'acquittait du prix fort pour ce qu'iel avait fait. Philippe ne savait pas s'il y avait la moindre justice là-dedans, mais bon, ce qui était dit était dit, et il ne reviendrait pas sur sa décision. Il s'agenouilla devant le radiateur pour s'occuper de cette vilaine fuite. Il aurait bien fumer une autre, tiens, mais hors de question de mettre de la cendre sur la moquette, il n'était pas un sauvage. Le sujet étant clos pour lui, il redevient le concierge revêche qu'il était réputé être. Et il l'était d'autant plus que pour une fois, il avait une bonne raison pour ça.

Vous avez d'autres questions à la con comme ça, ou j'peux bosser, doc' ?
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Roman Oberoi
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Dim 5 Nov - 21:14
Roman se sentait toujours un peu comme un.e idiot.e. La réponse de Philippe, qui avait le mérite d'être directe et franche, ne l'avançait pas plus que ça. Mais iel ne pouvait pas nier la dernière partie, iel payait le prix de ses erreurs, même si elles n'étaient certainement pas ce que le concierge pensait.

-Euh… En fait, oui. Vous voulez un café ?

Paye ta question de merde, mais quitte à jouer les autruches… Autant fournir un effort pour que les choses prennent un semblant de normalité.

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Philippe Bruyère
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Philippe Bruyère
Lun 6 Nov - 12:31
Le radiateur qui fuyait subit la frustration que ce dilemme moral bien malvenu avait suscité chez le concierge. La réparation en elle-même n'était pas difficile, mais Philippe jurait dans sa barbe inexistante ses plus belles grossièretés, sorties tout droit de son service militaire. Il s'interrompit juste le temps de répondre à Roman.

Plutôt du thé si vous avez, merci.

S'il aurait souhaité quelque chose de bien plus fort et d'alcoolisé, il ne disait jamais non à un peu de théine. Il ne mit pas longtemps à fixer la suite, à croire que le radiateur avait été effrayé par tous ces gros mots. Cependant, Philippe ne se faisait pas d'illusions. On ferait de nouveau appel à ses services un jour ou l'autre. Il y avait beaucoup de choses qui méritaient d'être remplacé à la FEAH. Il essuya ses mains dans le torchon qu'il trimballait dans encore une autre de ses poches et rangea ses outils, avant de s'octroyer la boisson plus aussi chaude que quand on la lui avait servi. Mais ça irait, il n'était pas très difficile.

C'est réparé. Jusqu'à la prochaine fuite. Tant qu'j'y suis, y a d'autres bricolages à faire ?

Il n'était plus vraiment à ça près, et ça lui éviterait de devoir revenir dans deux jours. Philippe se sentait un peu plus calme maintenant. Il n'était pas toujours sûr d'avoir fait le bon choix, mais il commençait doucement à se faire à l'identité secrète d'Oberoi. Et s'il lui avait demandé de ne pas posé de questions idiotes, lui-même ne pouvait pas s'empêcher d'être curieux. Il questionna Roman sur ce qui l'intriguait le plus.

Pourquoi avoir choisi la FEAH après tout ça ?

C'est vrai, vu son CV, iel aurait pu trouver mieux, et c'était curieux de se planquer dans une fac d'apprentis super-héros. Mais il est vrai que Scipio n'était pas très regardant sur qui il embauchait. Et ça, Philippe n'allait pas s'en plaindre.
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Roman Oberoi
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Roman Oberoi
Ven 10 Nov - 16:42

La proposition d'offrande de paix caféinée semblait avoir porté ses fruits. Iel n'avait pas de thé immédiatement sous la main (juste quelques thermos de café), mais ça pouvait se régler facilement.

-Je peux trouver ça, oui, sans problème. Je vais en profiter pour voir comment vont mes patient.es, je reviens.

Une fois hors du bureau, la porte fermée derrière li, la pensée qu'iel pourrait simplement disparaître dans la nuit traversa Roman. Au fond, est-ce qu'iel pouvait vraiment faire confiance à Philippe Bruyère ? Iels ne se connaissaient même pas si bien que ça ! Il aurait été sans doute plus raisonnable de tout laisser en plan, de mettre le feu à son appartement, de s'évanouir dans la nature sans laisser de traces. Dire adieu à la vie qu'iel essayait de se construire doucement depuis deux ans. Tout effacer et recommencer ailleurs. Mais non, ce n'était pas une option. Pas vraiment. Roman n'avait tout simplement pas envie de partir, de disparaître, iel n'en avait pas le droit. La pensée l'avait traversé, un bref instant, et finalement c'était elle qui avait disparu sans laisser de traces.

Quand Roman revient dans son bureau, une théière fumante sur un plateau en formica décoré de motifs de fruits colorés emprunté à la salle de pause, iel s'était assuré.e que les jeunes n'avaient pas besoin d'iel.

-Bassira a refait le stock de thé à la menthe, vous allez voir il est vraiment excellent.

Depuis qu'elle était là, personne n'avait osé ramené des sachets de Lipton ou autre "abomination de ses morts qui prétend être du thé plutôt que de la poussière vaguement aromatisée". Les mots de Bassira pour la citer dans le texte. Personne n'avait protesté non plus, parce que sa came était en effet bien meilleure que celle vendue en paquet cartonné de 50 sachets.

Roman servit un mug fumant de l'infusion qui venait parfumer l'air, si Bassira avait imposé ses goûts en thé dans la salle de repos, Roman iel l'avait colonisée avec ses mugs. C'est donc une magnifique tasse, à peine ébréchée, à l'image d'une grosse amanite tue-mouche qui fut tendue à Philippe.

Iel réfléchit un moment, la bonne question serait plutôt qu'est ce qu'il n'y avait pas à réparer dans le bâtiment. Mais aussi efficace et pro que soit Philippe il ne serait pas en capacité de tout réparer, déjà parce que certaines choses nécessitaient tout simplement une rénovation complète du bâtiment.

-On a un problème de néon qui fait du morse dans la salle de pause. Heureusement nous n'avons pas d'épileptique dans l'équipe.

Et iels plaisantaient à moitié vu la fréquence à laquelle ces néons dysfonctionnaient, cela venait sans doute d'un fantôme cherchant à communiquer avec les vivant.es.

Pendant un moment Roman resta sans rien dire ses yeux verts perdus dans le vide, c'était une question légitime. Iel aurait pû trouver un poste n'importe où ailleurs, iel aurait pû s'engager dans Médecins sans Frontières aussi. Iel ne l'avait pas fait, iel avait pris ses valises et s'était installé dans cette fac qui tombait en ruines et à la réputation discutable pour un salaire de misère.

Personne autour de lui n'avait compris. Surtout pas ses parents, leur enfant avait quitté quasiment du jour au lendemain son emploi stable, abandonné ses promesses de carrière pour s'installer loin d'eux.

-J'avais l'impression que ce serait l'endroit où je serai le plus utile, le plus à ma place après… Enfin, après Judith. Je me suis dit… Que les gosses, les gens ici, iels méritent d'avoir un médecin correct. Quelqu'un qui ne soit pas un savant fou avec une éthique professionnelle discutable. Que c'était beaucoup plus productif, beaucoup plus juste que tout ce que je pourrais faire à la place.

Iel ne dit pas que le reste avait principalement été la perspective de tout simplement se foutre en l'air.

-Et puis avec ma tête et mes tenues, Saint Ange n'aurait pas voulu de moi. Clairement pas assez français de souche et hétéro pour eux.

Il avait rajouté ça pour désamorcer la discussion en la tournant en partie vers un autre sujet. Mais oui, Roman ne se faisait pas d'illusion sur le fait que dans un endroit aussi propre et policé que Saint Ange iel ne serait là que pour des quotas. Toujours regardé avec un certain mépris, parce qu'iel était li premier.e de sa famille à être né.es ur le sol gaulois. Parce qu'iel avait passé l'âge où iel cachait ce qu'iel était.
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Philippe Bruyère
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Philippe Bruyère
Dim 12 Nov - 0:09
Philippe ne s'était pas attendu à boire un thé de cette qualité, et ça se vit à la façon dans ses yeux s'écarquillèrent l'espace d'un instant, avant que son visage ne retrouve son expression neutre habituelle. Ce thé à la menthe était légèrement différent de celui qu'il avait chez lui, mais il aurait mérité sa place dans son armoire.

C'est vrai qu'il est bon.

Bien décidé à le savourer comme il le méritait, il ne lui demanda pas tout de suite de  l'amener à la salle de pause. De toute façon, il n'avait pas de quoi changer un néon là, mais il pourrait au moins retirer celui-ci pour qu'il arrête d'abîmer les yeux du personnel, et revenir le remplacer dans un futur plus ou moins proche. Il y avait toujours plusieurs trucs à réparer à la FEAH, et un néon à remplacer, ce n'était pas dans les priorités. Le concierge laissa à Roman le temps de réfléchir à sa réponse. Il n'était pas pressé, pas avec un mug rempli d'un bon thé chaud, et il avait déjà dépassé sa fin de journée avec tout ça, donc quelques secondes en plus ou en moins n'allaient pas changer grand-chose. Il hocha la tête en l'entendant descendre Saint-Ange. Pour lui, cette fac restera à jamais lié à son ex, autant dire qu'elle avait une image lamentable à ses yeux. Et en effet, elle avait une image si lisse qu'il ne la voyait vraiment pas accepté quelqu'un comme le docteur dans son équipe. Le directeur en aurait reçu sûrement reçus des courriers courroucés.

J'ai connu un gars d'Saint-Ange, c'était une vraie enflure. C'est sûr que c'est pas chez eux qu'on va trouver un Charc-en-ciel.

Après pour être honnête, il avait aussi combattu à côté d'autres héros qui venait de cette fac et qui était des gens tout à fait convenables. Merde, Morphée en venait, et il trouvait qu'il était génial, lorsqu'il l'entraînait pas dans des plans foireux du moins. Mais rien à faire, pour engendrer des mecs comme l'autre super-connard, Saint-Ange aurait son mépris éternel. Cependant, si d'habitude Philippe était toujours enclin pour discuter discriminations et cracher sur Saint-Ange, il n'avait pas oublié que s'il avait posé la question, c'était pour mieux connaître les motivations de Roman à venir s'enterrer ici.

Mais vous vous êtes pas dit qu'avec tous ces héros et apprentis réuni au même endroit, vous risquez pas de finir par vous faire chopper ? Ca r'essemble plus à une autopunition qu'autre chose votre truc, doc'.
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Roman Oberoi
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Roman Oberoi
Lun 13 Nov - 15:40
Roman était assez queer et là depuis assez longtemps pour savoir que Charc-en-ciel était une véritable institution de la FEAH. Et une des rares qu'iel regardait d'un bon oeil. Iel regrettait de ne pas avoir assez de temps et d'énergie à la fin de ses journées et gardes pour y participer plus activement. Ce qui ne l'empêchait pas de faire une donation annuelle au club pour participer aux coûts de matériaux et du club, en plus de son adhésion. Mais il était rare de voir li docteur.e dans les locaux en personne.

-Non, ça c'est sûr. En vrai ils sont plus le genre à faire une straight pride, qu'une pride tout court.

Contrairement à Philippe, Roman n'avait que peu de bienveillance et de tolérance envers ce qui sortait de Saint Ange. C'était comme les flics, le problème n'était pas les individus, mais bien le système. Les rouages qu'iels faisaient fonctionner malgré tout, parce qu'au fond le statu quo était confortable pour ieleux. Parceque c'était beaucoup plus simple de marcher dans une combine qui vous donnait des privilèges, des passes droits au dépend des autres que de chercher à la démonter. En bref, ce que représentait Saint Ange l'emmerdait profondément, et iel savait parfaitement que c'était réciproque.Bordel, The Eye avait sortis quelques dossiers vraiment puants sur certains des membres de l'équipes pédagogiques et des alumnis. Rien n'avait changé là-bas pour autant.

Dans une autre vie Phillipe Bruyère avait dû être boxeur.se pro, parce que là Roman avait l'impression qu'on venait de lui foutre un uppercut en plein dans le ventre avant qu'on lui fiche un coup de coude dans la gorge.

Les mots du concierge visaient un peu trop bien là où ça faisait mal.

Oui, peut-être que dans un sens Roman cherchait à se punir. A s'infliger une pénitence pour sa faute. Iel n'avait jamais été un grand adepte de la culpabilité et tendances masochistes de l'Eglise Catholique. Ce qui lui parlait dans l'histoire du gars sur la croix agonisant, c'était le soin aux malades, la compassion pour son prochain et l'acte d'achever des souffrances inutiles comme on le pouvait. Plus Longinus que Christ en fait, s'iel devait s'attacher à cette culture qui n'était pas la sienne.

Est-ce qu'iel pouvait dire à Philippe qu'il avait surtout choisi de vivre ? Est ce que c'était véritablement une punition ? Roman avait comme un doute là-dessus, li-même n'était plus certain de ça. Est-ce qu'iel pouvait seulement exprimer, articuler, ce bouillonnement émotionnel au fond de li ? Non, certainement pas maintenant.

-Peut-être… En tous cas je ne l'avais pas conscientisé comme ça.

C'était certainement le plus qu'iel pourrait admettre pour le moment. Les rideaux avaient été ouverts trop vite et la lumière de l'extérieure était encore trop vive pour qu'iel puisse la regarder en face.

-Je ne pensais pas ressortir un jour mes dossiers, enfin ceux de The Eye. Certainement pas en dehors de chez moi. Alors, il n'y aurait rien eu à découvrir pour tous les apprentis supers du campus. Il n'y a rien en général à trouver, sauf… Sauf à cette période de l'année…

Roman torturai ses mains l'une avec l'autre. Une partie d'iel avait l'impression d'étouffer, de se noyer, et l'autre au contraire de prendre une première bouffée d'air frais après une longue période au bord de l'asphyxie. C'était douloureux.

-Mais vous c'est aussi dans une idée d'expiation que vous êtes venu à la FEAH ?

La question était sortie toute seule, avant que Roman ait pu tourner sept fois sa langue dans sa bouche. Iel n'était même pas certain de ce qui l'avait fait germer dans son esprit, peut-être un vague murmure vert.

-Pardon, c'est indiscret et franchement déplacé de vous demander ça. Oubliez ce que je viens de dire.
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Philippe Bruyère
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Philippe Bruyère
Mar 14 Nov - 21:47
Philippe eut un geste de la main pour lui signifier que ça allait, qu'il ne se sentait pas heurté par l'intimité de la question. Lui-même avait été bien curieux. Ce n'est pas parce qu'il avait percé involontairement le mystère que cachait son collègue qu'il avait tout les droits. Et il voyait bien à sa façon de se maltraiter les mains que la conversation était dure pour lui. L'ancien héros avait été rassuré sur le fait que Roman ne comptait pas s'en prendre aux étudiants et c'est tout ce qui comptait, le reste c'était entre li et sa conscience. Il souffla sur son thé avant de lui répondre, pince-sans-rire. La blague sur la straight pride lui avait arraché l'ombre d'un sourire, c'était typiquement son genre d'humour.

Nan. J'dois juste être maso.

Bien sûr, il n'allait pas s'ouvrir sur passé à un ancien vilain qui s'était fait connaître pour utiliser les informations qu'il obtenait contre ses victimes, l'eussent-elles méritées. Mais il n'allait pas perdre non plus une occasion de cracher sur Scipio ou de parler de l'attachement qu'il avait développé pour la FEAH. Il lui suffisait de rester dans le vague.

J'faisais de l'interim avant mais c'est pas facile de s'trouver un logement correct sans CDI. J'ai juste postulé à l'offre d'emploi. J'savais pas encore que l'dirlo était un sale serpent doublé d'une grosse pince, il était p'tain d'charmeur à l'entretien, j'sais pas si il vous a fait l'coup aussi. Au moins, j'ai la sécurité d'l'emploi.

Et à défaut de l'argent, d'une certain considération. Il sentait que sur ces sujets-là, iels se rejoignaient, raison pour laquelle il avait toujours plutôt apprécié Roman en tant que collègue. Et même s'il savait maintenant qu'iel était The Eye, même s'il avait vu s'épancher devant lui, il n'avait pas l'impression que ça changerait beaucoup, sur le long terme. Il prit le temps de boire quelques gorgées de son thé, tant que celui-ci était encore bien chaud, avant de conclure.

Et puis... J'suis d'accord avec vous doc'. Les gamins ici sont chouettes, ils m'éclatent au Charc-en-ciel, ils méritent un endroit correct où étudier. J'peux pas faire de miracles, mais j'peux limiter la casse.


Il ne rajouta pas qu'il aurait aimé étudié dans ce genre d'endroits, si il avait fait des études supérieures. Il ne voulait rien laissé échappé qu'il avait un intérêt pour les héros, même de loin. Si Philippe appréciait Roman, Noir Moineau se méfiait de The Eye. Il posa la tasse vide sur le bureau, récupérant sa boîte à outils.

On va s'occuper d'ce néon ?
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Roman Oberoi
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Roman Oberoi
Lun 20 Nov - 9:36
Roman n'était pas sûr.e de croire complètement ce que lui disait Philippe. C'était cependant largement plus que ce qu'iel avait le droit d'exiger de l'homme. Et iel était bien placé pour comprendre et respecter les voiles de pudeur sur le passé. Peut-être qu'un jour le brun lui en dirait plus, ou peut-être pas. Mais ce serait uniquement de l'initiative de Philippe. Aussi Roman ne poussa pas.

-Je pense que j'aurais pris le poste même si Scipio ne m'avait pas fait son numéro de charmeur de serpents. Cette fac avait vraiment besoin d'un.e médecin.e.

Un.e qui n'ait pas l'Ordre sur le dos et/ou une réputation sulfureuse suite à des pratiques déontologiquement et éthiquement douteuses. Ce qui apparemment était particulièrement ardu à trouver pour la FEAH.

-Mais oui, on va dire que je me suis bien fait courtiser. Surtout quand je n'ai pas tiqué sur le salaire.

Pour le coup, Roman avait un peu eut l'impression d'être une espèce de licorne arc-en-ciel dans les yeux du doyen.

-On a surtout de la chance de vous avoir. Honnêtement j'ai l'impression que sans vous ce campus tomberait en ruines.

Iel n'exagérait pas, il était clair à ses yeux que le concierge faisait un boulot titanesque pour s'assurer que leur tour de Babel bordélique construite par Numérobis depuis un kit Ikea non traduit, ne parte pas en autocombustion tous les quatre matins. Ce qui constituait en soi une espèce de petit miracle.

-Oui, bien sûr. On doit avoir de quoi le changer dans la réserve.

Roman récupéra la tasse pour l'apporter avec eux dans la salle de repos, iel en profiterait pour faire un peu de vaiselle, histoire que tout le monde puisse profiter des lieux de manière agréable.

Iel alluma la pièce, ce qui ne manqua pas de déclencher la séquence de morse chez le néon coupable.

-Voilà, ce qui est amusant c'est que c'est toujours le même. On se demande si on a pas un fantôme dans le coin qui essaye de communiquer sans passer par le ouija.
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Philippe Bruyère
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Philippe Bruyère
Lun 20 Nov - 12:25
Philippe avait été honnête dans sa réponse. Il avait juste choisi d'en taire une partie. Celle qui disait que quitte à avoir été un héro, il aurait bien aimé aller dans une fac comme celle-ci avant, et celle qui racontait qu'il aimait l'idée de garder un contact avec le milieu, même s'il avait raccroché son costume. En tout cas, le personnel médical était sans aucun doute parmi les plus importants ici vu les casse-cous qu'ils avaient, donc ils avaient de la chance d'avoir un médecin si consciencieux.

Vrai. Ces jeunes vivent déjà comme s'ils étaient des putains d'héros increvables.

Il pouffa, imaginant très bien la scène des yeux de Scipio se changeant en euros, comme dans les cartoons, en comprenant qu'il était tombé sur la perle rare : une personne compétente ET bon marché. Il réagit par contre au compliment comme il réagissait avant aux commentaires et questions flatteuses des journalistes envers le Noir Moineau : un haussement d'épaules. Il faisait ce qu'il avait à faire et si ce n'avait pas été lui, ça aurait été quelqu'un d'autres. Concierge ou super, personne n'était irremplaçable.

Il suivit Roman jusqu'à la salle de pause. Ca clignotait fort. Malheureusement, il n'avait jamais appris le morse, le discours du néon resterait donc incompréhensible.

Si ça l'refait après que j'l'ai changé, faudra appeler un exorciste. J'vais couper l'alimentation électrique.

Il posa sa caisse, en sortit sa lampe torche, ses gants de protection et alla chercher le néon dans la réserve avant de couper l'électricité. Il entendit l'alimentation de secours se mettre en place, mais elle n'était pas reliée à la salle de pause, n'étant pas vitale au fonctionnement du service. Il revint avec le néon, qu'il posa sur la table, avant de confier sa lampe à Roman.

Eclairez en direction du néon.

Comme à la base il était seulement venu réparer le radiateur, il n'avait pas pris son escabeau. Il grimpa donc sur la table avec ses chaussures sales, se promettant de bien la nettoyer après. Même ainsi, c'était un peu juste, mais en se hissant sur la pointe, ça devrait aller. Ce n'était pas très secure, mais il avait fait des choses plus dangereuses dans sa folle jeunesse. Tout en dévissant le néon, il continua à parler, quittant le sujet de leurs raisons d'être ici pour un autre plus délicat :

Vous avez fouiné un peu sur cette histoire d'expériences illégales ?
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Roman Oberoi
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Roman Oberoi
Mer 6 Déc - 15:51
Un exorciste ou une révision totale du circuit électrique de l'endroit. Mais connaissant Scipio et ses oursins dans les poches, ouais l'exorcisme maison serait certainement la solution la plus simple et rapide à mettre en place.

Iel aidat Philippe en dégageant la table avant que celui ci ne monte dessus. iel n'était pas bien certain au vu de son état de fatigue générale, de bien arriver à orienter la lumière de la lampe sans aveugler le concierge ou éclairer à côté. Le fait est qu'iel s'inquiétait clairement pour rien. Son travail là dessus n'était pas extraordinaire, mais correct.

Ah… Oui, il y avait cette histoire d'expérimentations dans les labos. Ce sur quoi iel enquêtait avec Morphée.

-Pour le moment pas grand chose. Ce qui n'est pas vraiment surprenant, évidemment que les responsables ne vont pas laisser traîner les preuves partout.

Ce serait beaucoup plus simple pour Morphée et li, mais clairement les savants fous locaux avaient d'autres priorités.

-Je commence à traîner plus là-bas, mais je ne peux pas encore y rester autant et aller aussi loin que je veux. L'idée est ne de pas trop alarmer les personnes qui pourraient être vigilantes sur ce genre de choses. Cela dit je vais commencer à donner quelques cours d'anatomie comme remplaçant, c'est une bonne occasion.
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Philippe Bruyère
Philippe Bruyère
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Philippe Bruyère
Jeu 7 Déc - 21:16
Philippe eut l'ombre d'un sourire. Quoi, ce soir il venait bien de découvrir l'identité secrète de saon collègue parce qu'iel avait laissé traîné des papiers qui avaient rien à faire ici, on pouvait toujours espérer que d'autres personnes fassent la même connerie non ?

Ouais, c'est vrai que les criminels laissent pas trainer leurs preuves, d'habitude. Si y a besoin d'aide pour fouiner, j'suis là.

Après pas sûr qu'il soit très utile. Il avait grosso-modo un niveau seconde en SVT (et pas niveau seconde premier de la classe qui plus est) donc pas sûr qu'il sache reconnaître un compte-rendu normal de labo d'un truc bien crade. Tout le monde n'avait pas la 'gentillesse' d'Oberoi de lui mettre les preuves annotées clairement sous les yeux. Mais on pouvait difficilement l'empêcher d'aller et venir comme il voulait.
Grâce à l'aide du docteur, changer le néon fut à peine plus difficile que d'habitude. Cela ne lui prit même pas dix minutes. Une fois fini, il posa le néon sur la table et sauta.

C'est bon. J'vais rallumer le circuit et vérifier, mais ça d'vrait arrêter de vous parler morse.

Effectivement, lorsque le courant revint, Roman put constater que le nouveau néon éclairait sans faillir la salle de pause de sa morne lumière artificielle. Philippe rangea ses gants et ses outils. Il en avait assez fait pour aujourd'hui.

J'vais y aller, l'dirlo est pas fan des heures supp'. 'Fin, surtout quand il faut les payer.

Il prit tout de même le néon usagé pour le mettre dans la réserve. Il faudrait qu'il pense à s'en débarrasser dans les prochains jours. Mais vu comment il courait à droite et à gauche, il allait sûrement oublier.
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Roman Oberoi
Roman Oberoi
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Roman Oberoi
Lun 1 Jan - 23:54
La remarque, franchement méritée, sur les preuves qui traînent, arracha un rougissement d'embarras chez Roman.

-Peut-être que c'est différent pour les criminels repentis ?

D'accord, c'était une bien piètre excuse. Et puis iel était en réalité certainement plus à la retraite, sans pension, que réformé.e ou repenti.e. Mais ça, Philippe n'avait pas besoin de le savoir. Et Roman essayait juste de sauver les derniers lambeaux de sa dignité en s'en drapant comme iel pouvait.

Oui, ça avait un côté vraiment pathétique. Mais bon y avait que le potentiel fantôme du néon comme témoin. L'honneur n'était certainement pas sauf mais pas achevé non plus.

-Et merci, si j'ai besoin je vous tiens au courant.

Iel appréciait sincèrement l'offre de Phillipe, même si travailler directement à quatre min n'était pas dans ses habitudes. Roman s'était habitué.e à passer par écrans interposés pour ça. Et il n'était pas sûr de vouloir impliquer le concierge dans une situation potentiellement dangereuse, pas maintenant.

-Et la lumière fut.

Bon, elle était facile mais Philippe avait vraiment fait du bon travail. Sur plus d'un aspect.

-Merci pour les réparations, et euh… et puis vous savez quoi. A l'occasion il faut que je vous offre un verre, c'est le minimum.
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