— Naissance à Lutèce, en Gaule, le six juin 1976, dans une famille de Faës aisée, à l'hérédité liée aux étoiles. Dès son plus jeune âge, on lui raconte l'histoire de son peuple, et comment les Faës ont dû se compromettre pour survire en se mélangeant aux humains. Sa famille fait d'ailleurs partie de la société humaine de Lutèce, plutôt que de vivre recluse dans les forêts comme on l'attendrait d'après les légendes. On l'élève néanmoins dans un certain mépris des humains, lui inculquant que la survie prévaut mais qu'autrefois, sa lignée avait une place importante dans la société Faë.

— Le premier janvier 1981, alors qu'il est âgé de cinq ans, ses parents engendrent un enfant changelin. Rapidement, sa famille repère un couple de hippies qui vient de mettre au monde un petit garçon, et échangent les deux bébés, conformément aux légendes. La survie de l'espèce avant tout, répète-t-on à Alpheratz, qui voit ce petit adelphe nouvelleau-né·e s'en aller avec des humains. Il n'oubliera jamais, et tendra toujours attentivement l'oreille lorsque les membres de sa famille qui surveillent l'enfant de loin rapportent des informations à son sujet. Il ne parviendra jamais à s'attacher à l'enfant humain recueilli par les siens.

— Si durant ses premières années de vie, ce sont ses pairs qui se sont chargés de son éducation, on l'envoie dans une école primaire tout à fait classique lorsqu'il atteint l'âge de la scolarité obligatoire. Sa famille est, après tout, bien implantée dans la société humaine, et en suit les mœurs. Elle s'avère, de surcroît, particulièrement aisée, ce lui permet d'envoyer Alpheratz dans les meilleures académies privées de Lutèce, lui garantissant une éducation solide, si ce n'est quelque peu bourgeoise. Il s'illustre rapidement comme un élève modèle, parfaitement discipliné, doué en tout, et toujours loin des mauvais coups – du moins, en apparence.

— Au collège, ses notes sont si excellentes que son brevet lui est déjà acquis grâce au contrôle continu, le passage de l'examen n'est qu'une formalité. À partir du lycée, il commence à se spécialiser dans les matières scientifiques, qui piquent particulièrement son intérêt. Ses professeurs vantent son esprit curieux, sa soif de connaissances, et l'encouragent fortement à opter pour une carrière dans le domaine des sciences.

— Une fois son baccalauréat en poche (avec mention très bien, bien sûr), il entame un cursus scientifique dans une prestigieuse université lutécienne. Science du vivant, biologie, chimie, physique, il étudie avec la même discipline et la même assiduité dont il a fait preuve tout au long de sa scolarité, touchant même à la technologie ou encore à l'astronomie jusqu'à obtenir son diplôme avec les honneurs, cinq ans plus tard.

— Il est maintenant temps pour lui de déterminer où et comment débuter sa carrière. Enfant prodige de la famille, fierté des siens, on le voit déjà s'implanter dans de grands laboratoires lutéciens et briller de par ses futures découvertes. C'est le chemin qu'il a emprunté, et sur lequel il serait resté, s'il n'y avait eu un élément perturbateur pour lui faire tout revoir. Son jeune adelphe, son propre sang, remis aux mains d'un couple humain bien des années auparavant, quitte la capitale pour s'établir à Avalyon. Ses aînés se demandent qui dépêcher sur place pour continuer d'observer le changelin de loin, et à la surprise générale, Alpheratz se porte volontaire. La décision fait débat, et après moult discussions, on accepte finalement de lui confier cette tâche. Il quitte donc Lutèce pour Avalyon, s'installant dans un appartement cossu du centre-ville, et contre toute attente, ne candidate pas pour entrer dans l'équipe enseignante de la prestigieuse Saint-Ange, mais dans celle de la F.E.A.H., au plus proche de cet adelphe dont il ne connaît le nom que depuis peu : Morphée.

— Désormais, Monsieur, comme il aime à être appelé, enseigne les sciences à la Faculté des Études Académiques pour les Héros. Son temps libre est essentiellement passé dans les laboratoires du département scientifique, à mener toutes sortes d'expériences et à crafter des artéfacts. Si l'on était méfiant, on se dirait qu'un Faë avec autant de marge de manœuvre dans la conception d'inventions héroïques, ça pourrait finir par mener à de mauvaises surprises ... Mais ce ne sont que des inquiétudes infondées, n'est-ce pas ?